Evariste Carpentier
Article biographique

  • Rédaction
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  • Manuscrit
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  • Publication d'une préoriginale
    In « La gazette de Liège », Noël 1922 (1 page avec illustration).


      Evariste Carpentier, 1922.
    In « La gazette de Liège », Noël 1922.


     






  • Edition originale
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  • Texte intégral
    EVARISTE CARPENTIER.

    C'est une des personnalités les plus alertes, un des tempéraments les plus robustes du monde artistique belge, qui a disparu cette année avec EVARISTE CARPENTIER.

    Né à Anvers en 1845, élève de l'Académie de la Métropole, le peintre réalise un mélange intime de nos deux races nationales. Du flamand, il possède la robustesse, sans lourdeur toutefois, une robustesse qui se traduit par la construction impeccable des masses. La race flamande lui a légué aussi le goût des couleurs riches, des lumières luxuriantes.

    Sans doute doit-il au pays wallon certain frisson nostalgique, une émotion sourde, indéfinissable, qui flotte dans ses sous-bois, agite le blé de ses campagnes.

    Au sortir de l'Académie anversoise, EVARISTE CARPENTIER s'adonna avec enthousiasme, encore qu'avec mesure, à la peinture historique. N'était-elle pas alors fort en honneur chez nous, où de grands noms comme Leys l'avaient illustrée,où d'autres l'illustraient encore ? Carpentier brossa des scènes pleines de vie, magnifiques d'ampleur, qui lui valurent un succès rapide.

    Connu et admiré à Amsterdam, à Paris, à Nice, Berlin, Barcelone, et jusqu'en Amérique, il se fixa à la Hulpe. Là, dans la campagne brabançonne, il se laissa séduire par la nature, ou plutôt par la vie sans apprêt, parée de sa seule poésie, que Millet venait de révéler.

    Carpentier traduisit les campagnes avec son tempérament robuste, sa vision claire, sa piété simple. Ses tableaux, travaillés en pleine pâte, sont comme l'émanation même des champs.

    Carpentier fut un impressionniste, en ce sens que ses toiles font un trou dans le mur où on les append, fenêtres ouvertes sur la saine vie ensoleillée.

    Cependant, il serait vain de vouloir lui assigner sa place dans une quelconque classification, Il a touché à tous les genres. Il est de ceux qui échappent aux étiquettes parce que leur inspiration est diverse connue la vie elle-même.

    La nature morte et le portrait l'ont également sollicité, la scène de genre comme le paysage. Et il est plus d'une de ses esquisses, faites de quelques coups de brosses, qu'envieraient, pour leur audace, bien des jeunes dédaigneux des règles et les maîtres.

    Voilà bien longtemps que je vous lis et que je vous admire. Beaucoup de gens, ces dernières années surtout, se sont piqués de gastronomie et presque chaque journal ou hebdomadaire possède sa rubrique de la bonne table. Or, la plupart du temps, la cuisine dont on parle est une cuisine de fantaisie qui s'harmonise mieux avec les meubles gonflables en plastic qu'avec une bonne et solide salle à manger.

    Carpentier, dont l'oeuvre est représentée aux musées d'Anvers, de Courtrai, de Malines, de Namur, de Bruxelles, de Liège, aussi bien qu'aux musées de Berlin et de Trieste, connut tous les succès, et les plus flatteuses distinctions officielles ne lui manquèrent point.

    En 1897, l'Académie des Beaux-Arts de Liége le priait d'accepter la charge de professeur de peinture en remplacement du maître liégeois Delpérée. Après avoir hésité Carpentier se consacra à l'enseignement.

    Ses élèves conservent de lui un souvenir ému: un maître indulgent, au bon sourire, mais surtout un maître enthousiaste qui s'efforçait de leur communiquer son grand amour de la belle couleur et de la ligne pure, son grand amour de l'Art.

    En 1902, Carpentier devenait Directeur de notre Académie; il fut réélu en 1905. En 1919 seulement cet artiste conscencieux, infatigable prenait sa retraite. Et c'était pour travailler encore jusqu'au jour où la maladie l'empêcha de tenir ses pinceaux.

    Evariste Carpentier, dont les sentiments chrétiens ne se démentirent pas un instant durant sa longue carrière s'éteignit pieusement à Liége, le 12 septembre 1922.


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