Germaine Krull
Quelques repères biographiques



[Photo non signée : Artists.]

  • Germaine Krull
    [Sources : Chrystel Jubien, Germaine Krull, Arthur Lazere, Germaine Krull et Kim Sichel, Germaine Krull.]

    Germaine Krull est née en 1897 à Wilda-Poznan (Allemagne, aujourd'hui Pologne) et a fait des études à Munich juste avant la guerre. La première partie de sa carrière de photographe a pour thème l'Allemagne et la Russie des années 1915 à 1925.

    Son parcours professionnel (de 1925 à 1940) se circonscrit ensuite à la Hollande et à la France. En 1926, elle s'installe à Paris et travaille pour divers magazines (comme « Vu »). Elle réalise, en 1927, un portfolio intitulé Métal qui se compose de soixante-quatre planches, représentant des images industrielles d'une grande force d'abstraction. Cette œuvre de Germaine Krull révolutionne l'histoire de la photographie et apparaît rapidement comme le manifeste de la nouvelle tendance, résolument moderniste et non conventionnelle.

    Germaine Krull fuit aux Etats-Unis pendant la Deuxième Guerre mondiale et s'engage contre Hitler dans le service de propagande de la France Libre à Brazzaville. C'est la troisième et dernière étape de sa carrière : l'Afrique et l'Asie, de 1940 jusqu'à la fin de sa vie. Après le Congo, elle part à Bangkok où elle dirige l'Hôtel Oriental, puis finit sa vie, en recluse, parmi des moines tibétains en Inde (1985).

    Du souci documentaire — lié à une recherche de formes nouvelles d'expression plastique — au pur plaisir esthétique

    L'héritage de Germaine Krull est déterminant pour la photographie moderne. Sa vie et son œuvre ont enjambé neuf décennies et quatre continents. Elle a été témoin des principaux bouleversements du vingtième siècle et fait partie de ces femmes qui ont bravé les conventions et fait avancer leur condition.

    Communiste, contre-révolutionnaire, anti-colonialiste, féministe, la personnalité de Germaine Krull est à l'image de ses engagements et de sa photographie. Elle manifeste à chaque tournant de sa vie la volonté de dépasser son époque, de transgresser ses propres lois, et, en décalant le regard, de changer le monde. C'est peut-être pour cela que Jean Cocteau la décrivait comme étant un miroir réformant.

    Le travail de Germaine Krull influence des générations entières de photographes, en raison du caractère extrêmement novateur de ses compositions. Elle a ainsi été une des premières à photographier des usines, des ponts et des machines, parfois sous des angles de vues vertigineux, donnant ainsi à ces sujets une consistance presque musculaire. Elle a également innové par ses études de nus féminins et ses images à connotation sexuelle (clichés mettant en scène des lesbiennes), reflétant ainsi l'esprit ouvert et expérimental de l'insouciante société de Weimar.

    Son œuvre compte encore des montages avant-gardistes, des portraits, des photographies de propagande et de presse. Pour Germaine Krull, l'observation et l'expression étaient primordiales. Elle ne s'est jamais inquiétée de savoir si elle faisait de la photo-reportage, de la photographie commerciale ou de l'art.




    Métal, de Germaine Krull.
    Paris, Librairie des arts décoratif, A. Calavas éditeur, 1927.

    (Source : carton d'invitation à la vente aux enchères de la Gallerie Koller ; Genève, 6 mai 2003.)

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