Pierre Mac Orlan
Quelques repères biographiques



[Portrait : Mac Orlan par Gus Bofa (1925).]

  • Pierre Mac Orlan
    [Sources : Sophie Delassein, Pierre Mac Orlan, Qui est Pierre Dumarchay dit Mac Orlan ? et Ganaëlle Lacroix, Pierre Mac Orlan]

    Pierre Mac Orlan s'éteint à Saint-Cyr-sur-Morin (Seine-et-Marne, France) le 10 mai 1970 et emporte avec lui ses secrets et sa divine fourberie. Au lendemain de ses funérailles, dépliant son testament, ses amis découvrent que le défunt n'était pas si misérable qu'il le laissait entendre. Les droits d'auteur de ses romans et de ses chansons lui ont, en effet, permis de finir ses jours plus que dignement. Tous avaient pourtant été dupes, Armand Lanoux le premier, qui avait réclamé et obtenu pour lui, en 1965, une aide mensuelle de la Caisse des Lettres…

    De son vrai nom Pierre Dumarchey, né à Péronne (Somme, France) en 1882, Mac Orlan ne s'est pas seulement trouvé un pseudonyme romanesque, il s'est aussi inventé une existence digne des personnages qui peuplent ses livres. Ami de Max Jacob et d'Apollinaire, chantre et supporteur de l'équipe de France de rugby, Mac Orlan racontait volontiers qu'il avait été orphelin de bonne heure et niait l'existence de son frère Jean, une tête brûlée dont la vie est en partie contée dans La bandera et Le quai des brumes, son chef-d'œuvre, que Marcel Carné a adapté au cinéma. En revanche, il ne se vantait d'avoir écrit, sous d'autres noms (Sadie Blackeyes, Sadinet, P. du Bourdel, Ludovic Riézer, Pierre de Jusange, etc.) des dizaines de livres érotiques, voire pornographiques.

    « Je suis devenu écrivain parce que je n'étais bon à rien »

    Après une enfance assez mal connue et restée relativement mystérieuse, commence une vie de jeune adulte durant laquelle, Mac Orlan mène toutes les expériences qui nourriront plus tard les thèmes de son aventure littéraire : la vie de misère à Montmartre, la Première Guerre mondiale et les voyages.

    Avant de se lancer dans l'écriture, Pierre Mac Orlan tente de vivre de sa peinture et fréquente les artistes montmartrois. Il réalise de nombreux dessins légendés et des historiettes pour des revues de l'époque comme « Le Rêve »et « La Baïonnette ». C'est alors qu'il rencontre le dessinateur Gus Bofa, qui illustrera plus tard bon nombre de ses ouvrages. A la lecture des légendes qui accompagnent les dessins que Mac Orlan lui apporte, Bofa l'invite à persévérer… dans l'écriture !

    Mac Orlan suit le conseil de son ami, mais illustre lui-même ses premiers écrits (des contes humoristiques) et, peu à peu, le dessinateur se transforme en écrivain. A travers son écriture, on sentira cependant toujours la puissance des images qu'il a en lui. Mac Orlan devient alors une figure incontournable de la vie montmartroise au début du XXe siècle et un familier du Lapin Agile et du Bateau Lavoir. Il entre dans la légende avec Le quai des brumes et cultive avec soin le mystère de son personnage, tissant - comme on l'a compris - une toile de secrets sur l'histoire de sa famille et de sa jeunesse.

    Journaliste, poète et parolier, cet homme à l'incomparable allure, ce bourlingueur sensible et rude, qui siégea durant vingt ans à l'Académie Goncourt aux côtés de ses amis Colette, Dorgelès et Carco, est un génie du roman d'aventures, à l'image de Stevenson et Kipling qu'il admirait, un rêveur toujours en partance vers un ailleurs réel ou imaginaire.


      Pierre Mac Orlan en 1948,
    dessin de Gus Bofa.
    Source :
    Galerie de dessins de Gus Bofa.


    Mais Mac Orlan n'est pas à un paradoxe près. A partir des années 40, il s'installe à Saint-Cyr-sur-Morin et s'en éloigne de moins en moins ! Son univers campagnard et paisible devient alors le théâtre de ses expériences passées, qui sont omniprésentes dans une œuvre qu'il qualifie lui-même de fantastique social.

    C'est donc à Saint-Cyr-sur-Morin - dans un univers tranquille et pantouflard plus propice au souvenir et au voyage imaginaire, mais toujours tarabusté par un désir existentiel tourné vers l'évasion et l'aventure - qu'il écrit la plus grande partie de son œuvre, et qu'il donne, selon la formule de son ami Georges Brassens, des « souvenirs à ceux qui n'en ont pas ».

    Saint-Cyr-sur-Morin est un lieu qui résume et incarne la personnalité complexe et contrastée de Pierre Mac Orlan. Pourtant, au départ, rien ne l'attirait a priori dans la Vallée du Petit-Morin, lui qui préférait les villes portuaires et la Bretagne, dont l'atmosphère était plus propice à ses rêves d'aventures et au mystère qu'il affectionnait.

    Mac Orlan n'imaginait pas qu'il puisse exister une vie après la vie : "Déjà beau si on ne vous oublie pas sur la terre une fois crevé ! ». Il laisse cependant une œuvre qui lui épargner l'oubli sur la terre, comme ses chansons, portées par de grandes interprètes (Gréco, Morelli, Montero) et racontant la bohème montmartroise, les quartiers louches, l'atmosphère des ports de l'Océan peuplés de filles faciles et de marins de passage.

  • Remarque(s)
    La notice suivante a un lien avec Pierre Mac Orlan :
    « Cher Mac Orlan... », lettre-hommage (1965).


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