Marie qui louche
Roman

  • Rédaction
    « Shadow Rock Farm », Lakeville (Connecticut, U.S.A.), du 7 au 17 août 1951.


  • Manuscrit
    [ ? ].
    Conservation : Musée de la Littérature (Bruxelles, Belgique).


  • Publication d'une préoriginale
    Aucune [ ? ].


  • Edition originale
    Achevé d'imprimer : janvier 1952.
    Paris, Presses de la Cité ; 18 x 12 cm, 221 pages ; couverture blanche papier fort, jaquette illustrée.

    Tirage de tête
    100 exemplaires sur pur fil de Lana, numérotés de 1 à 100.

    L'illustration de la jaquette est la même pour les deux tirages (tirage de tête et tirage courant).


      Marie qui louche, 1952.
    Edition originale.


  • Réédition(s) en français
    Liste non exhaustive

    Edition numérotée et illustrée :
    Achevé d'imprimer : janvier 1959.
    Paris : Club du Livre Sélectionné ; 20 x 13,5 cm, 406 pages ; illustrations de Monique Gorde ; reliure d'édition noir avec motif doré en incrustation.
    4'026 exemplaires, dont 4'000 numérotés de a à 4'000 et 26 exemplaires hors commerce réservés aux amis du Club, marqué de A à Z.
    Contient : Marie qui louche, Les fantômes du chapelier et Les quatre jours du pauvre homme.


     

    Marie qui louche, 1959.
    Réédition.



    Autre(s) réédition(s) :


      Marie qui louche, 1986.
    Réédition (Presses Pocket).


  • Edition(s) collective(s) en français
    Liste non exhaustive

    In Œuvres complètes (Lausanne, Editions Rencontre, 1967-1973) - tome 29.
    In Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1988-1993) - tome 5.
    In Tout Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome 5.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : [ ? ].

    En anglais :
    [ ? ] : The Girl with a Squint (première édition américaine).
    1978 : The Girl with a Squint (première édition anglaise).


      The Girl with a Squint, 1978.
    Edition anglaise (Hamish Hamilton).


    En italien :
    [ ? ] : [ ? ].


  • Intrigue
    Rochefort (Charente-Inférieure, aujourd'hui Charente-Maritime, France), 1922. Pour fuir le quartier misérable des remparts où elles sont nées, deux jeunes filles s'engagent comme bonnes à tout faire dans un petit hôtel-restaurant de Fourras, Les Ondines, au bord d'une plage des environs de La Rochelle.

    Marie Gladel (dix-huit ans) et Sylvie Danel (dix-sept ans) sont des amies d'enfance. Elles ont en commun leur désir d'échapper à leur pauvreté et de monter à Paris. Autrement, bien des choses les séparent…

    Sylvie est belle, capiteuse, avec des seins magnifiques qui affolent les hommes, C'est une nature gourmande et sensuelle, alliée à une paresse invincible. Exigeante et égoïste, elle attend tout de la vie et est capable de tout pour réussir. Elle prend ce qu'elle veut, même si ce qu'elle veut a un propriétaire. Elle parvient à posséder ce qu'elle convoite, même s'il lui faut le ramasser dans la boue. L'important, c'est de l'avoir et tant pis pour les autres !

    Marie n'a pas les mêmes atouts. Elle louche et n'est pas belle. Sans doute à cause de cette disgrâce physique, elle est à la fois humble et réservée, envieuse et sournoise. Mais toujours droite et courageuse. Affectueuse aussi. Habitée par une âme d'esclave, elle méprise et adore Sylvie, la jalouse et la hait. Mais elle ne peut pas se passer d'elle.

    L'été ne s'achève pas sans que Sylvie ait fait des siennes. Par son comportement provocateur, elle cause le suicide de Louis — un jeune retardé mental employé dans le même hôtel-restaurant — et cède aux avances de son patron, le désagréable et méchant M. Clément.

    Lorsque son père lui demande de rentrer à la maison, où il se morfond, gravement atteint par une maladie de cœur, Sylvie déclare qu'elle ne fait rien pour personne. Ce d'autant plus que l'arrivée, aux Ondines, d'un Parisien — M. Luze — venu chercher sa femme et ses enfants, lui donne l'occasion de réaliser son projet de gagner la capitale. Le père de Sylvie mourra sans qu'elle s'en préoccupe.

    M. Luze, outre sa famille, emmène avec lui à Paris Sylvie et Marie. Il loge les deux amies à l'Hôtel des Vosges, où elles partagent la même chambre. Marie devient serveuse aux Caves de Bourgougne, un modeste restaurant tenu par le couple Ladoine. Sylvie entre au service des Luze. Rapidement, elle devient la maîtresse de monsieur, jusqu'à l'intervention de madame, qui se chargera elle-même de mettre un terme à leur relation et de renvoyer Sylvie.

    Suite à sa rupture, Sylvie va de place en place et poursuit sa vie commune avec Marie à l'Hôtel des Voges. Elles s'accommodent d'un chacune pour soi qui fonctionne assez bien jusqu'au jour où Sylvie joue à son amie le plus sale tour qui soit, en lui enlevant — pour un soir, car au-delà elle n'en aura que faire — le seul homme auprès duquel elle ait jamais pu espérer faire sa vie… Terriblement blessée, Marie la quitte sans un mot.

    Leurs chemins ne se croiseront plus pendant vingt-trois ans. Un jour de mai 1945, Sylvie aperçoit Marie au milieu de la foule, lors du défilé de la Victoire aux Champs-Elysées. Il faut toutefois attendre encore cinq ans pour que le hasard les mette, cette fois, l'une en présence de l'autre. Elles conviennent de se revoir.

    Durant toutes ces années, Marie est restée fidèle à M. Ladoine, aujourd'hui veuf et mal portant, dont elle est devenue la gouvernante. Sylvie, bien sûr, a réussi à mener une vie de luxe et d'oisiveté. Elle est entretenue par un homme très riche, Omer Besson, qui est âgé, hémiplégique et à l'article de la mort au moment où les deux anciennes amies se retrouvent.

    Sentant que le testament de Besson pourrait être modifié in extremis au profit de sa famille, Sylvie demande à Marie de le surveiller et, pour ce faire, de jouer le rôle de la garde-malade. Marie lâche tout pour répondre à l'appel de Sylvie et ne quitte plus Omer Besson jusqu'à sa mort. Le lendemain du décès, Sylvie annonce à Marie qu'elle est parvenue à dérober et à brûler le papier que la belle-sœur du mourant lui avait fait signer. Sylvie hérite donc d'une fortune colossale et d'un hôtel particulier à l'avenue Foch.

    Marie est libre, toujours aussi pauvre et prête à jouer, comme autrefois, son rôle d'âme damnée… Pas vraiment. Marie a retenu la leçon : Sylvie ne lui a-t-elle jamais rien montré d'autre que l'égoïsme en action ?

    Alors, Marie qui louche va vivre avec la belle Sylvie… Chaque jour, elle brosse les cheveux blonds de son amie… des cheveux qui deviendront blancs… Marie qui louche va vieillir au milieu des millions de Sylvie, au milieu de l'hôtel de l'avenue Foch, dont les deux femmes n'occupent qu'une seule chambre, laissant tout le reste dans le vide, la crasse et l'abandon. Elles partagent de nouveau — dans une seule pièce — une existence commune, réunies et opposées une nouvelle fois dans l'entente comme dans la mésentente.

    Marie — silencieusement autoritaire et lucidement égoïste — n'empêche pas Sylvie de s'enliser dans la boisson. Elles mènent toutes deux une vie qui les eût fait reculer d'effroi à l'époque où elles étaient pauvres. Elles épient leur souffle, comme si elles avaient peur de se perdre une seconde fois… Elles s'en vont vers la mort en se haïssant tout doucettement et sans avoir ni l'une ni l'autre, ne serait-ce qu'un seul instant, le sentiment de la défaite…


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