Le petit restaurant des Ternes
Nouvelle

  • Rédaction
    Bradenton Beach (Floride, U.S.A.), en janvier 1947.
    D'après le calendrier de rédaction de Simenon : 325 W. Franklin Street, Tucson (Arizona, U.S.A.), 22 novembre 1947.
    Date de rédaction figurant dans l'édition originale : décembre 1948.


  • Manuscrit
    La nouvelle est écrite directement à la machine et la dactylographie n'a pas été précédée d'un manuscrit autographe.
    Tapuscrit ; 27 feuillets ; nombreuses corrections de l'auteur à l'encre noire, d'autres corrections à l'encre plus clair semblent d'une autre main ; signé et daté de : Tucson, Arizone, décembre 1948.
    Conservation : collection privée.


     

    Le petit restaurant des Ternes, 1948.
    Tapuscrit original.



  • Publication d'une préoriginale
    En feuilleton dans l'hebdomadaire « France-Dimanche », n° 172-173 des 11 et 18 décembre 1948 (soit 2 livraisons).


  • Edition originale
    In Un Noël de Maigret (Paris, Presses de la Cité, 1951).


  • Réédition(s) en français

    [En préparation].


  • Edition(s) collective(s) en français
    Liste non exhaustive

    In Œuvres complète (Lausanne, Editions Rencontre, 1967-1973) - tome 26.
    In Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1988-1993) - tome 5.
    In Tout Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome 5.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : [ ? ].

    En anglais :
    [ ? ] : [ ? ] (première édition américaine).
    [ ? ] : [ ? ] (première édition anglaise).

    En italien :
    [ ? ] : [ ? ].


  • Remarque(s)
    La nouvelle est sous-titrée : conte de Noël pour grandes personnes.

    Cette nouvelle de Noël a été commandée à Simenon par Pierre Lazareff pour être publiée dans « Elle » en 1947. Parvenue trop tard, elle n'est toutefois parue que l'année suivante, dans un autre journal dirigé par le même Lazareff.


  • Intrigue
    Paris (France), 24 décembre, neuf heures du soir. Il pleut tout fin. Dans le petit restaurant de la place des Ternes, un gros poêle, comme il y en avait jadis dans les gares, diffuse une agréable chaleur. La caissière, Mme Bouchet compte les billets, en remuant les lèvres. Le patron propose à Albert de servir un armagnac aux derniers clients :

    — Avec ses souhaits, dit-il.

    Le patron baisse le volet de droite, puis celui de gauche. Mme Bouchet met son manteau. Il y avait eu peu de dîneurs ce soir-là. A leur table respective, où elles ont mangé seules, la grande Jeanne fume une cigarette et une jeune fille s'épaissit maladroitement la bouche avec un bâton de rouge à lèvres. Albert a desservi les tables. On va fermer. C'est l'heure, même si on n'a pas envie de rentrer chez soi, la nuit de Noël, quand personne ne vous attend.

    Soudain, un bruit sec. Et le seul consommateur mâle, les yeux grands ouverts, oscille avant de glisser en travers sur la banquette. Le patron appelle la police. Un agent, puis l'inspecteur Lognon — surnommé le Malgracieux — se rendent sur place. Lognon paraît morose et se penche sur le mort pour lui prendre son portefeuille :

    — Le premier de la série… Il est en avance ! D'habitude, ça les prend vers minuit quand la fête bat son plein.

    La victime se nomme Alexis Borine. C'est un Russe de cinquante-six ans. L'ambulance municipale va bientôt arriver et le Malgracieux libère les témoins. La grande Jeanne — Jeanne Chartrain, vingt-huit ans, sans profession… et pourtant bien connue de la Mondaine — et la jeune fille, qui répond au nom de Martine Cornu, dix-neuf ans, née à Yport. La grande bringue tressaille et regarde la jeune fille avec plus d'attention : Yport, c'est tout près de chez elle, à moins de cinq kilomètres de Fécamp.

    Elles se retrouvent dans la rue, sans avoir échangé un mot. Machinalement, la grande Jeanne emboîte le pas de Martine, qui rentre dans le premier bistrot qui se présente sur son chemin. Deux individus — des habitués — font ensuite leur entrée : le beau Willy et son copain. Sous le regard de Jeanne — qui a tout de suite compris le jeu des deux lascars — Willy accoste Martine, lui offre à boire et lui propose des cigarettes égyptiennes en lui tendant un bel étui doré.

    La petite provinciale tombe évidemment tout de suite dans le piège… puis dans les bras du beau Willy qui ne se gêne pas pour la peloter ouvertement. Sentant Martine en danger, Jeanne se mêle au groupe sans y être invitée.

    Déjà bien éméchée, la fine équipe se rend ensuite au Monico, un bar à la mode où l'on danse. Au moment où Willy, le corps soudé à celui de Martine, est en train de gagner la partie, Jeanne — moins soûle qu'il n'y paraît — déclenche une bagarre. Elle accuse Martine de lui voler son Willy. Les deux femmes s'empoignent, se griffent, se mordent et roulent à terre. Comme par enchantement, Willy et son copain disparaissent… juste avant que la police ne vienne séparer les deux trouble-fêtes.

    Martine n'a pas compris ce qui vient de lui arriver, bien qu'elle ait longuement vomi et retrouvé un peu ses esprits. Elle se retrouve au Dépôt, avec Jeanne et une centaine d'autres femmes. Elle se plaint du lieu qui est inconfortable et sent mauvais. A l'innocente Martine, la grande Jeanne explique qu'il vaut mieux finir la nuit au dépôt que dans le plumard d'un petit truand, surtout une nuit de Noël.

    C'est l'histoire du Russe, dans le petit restaurant des Ternes, qui a donné à Jeanne l'envie de jouer le Père Noël une fois dans sa vie. Déjà à moitié endormie, elle glisse à Martine :

    — Suppose que chacun fasse une fois le Père Noël… Suppose, je te dis… Rien qu'une fois… Avec tous les habitants qu'il y a sur la terre…

    Mais le sommeil interrompt là sa réflexion.


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