« Très jeune, avant de savoir qu'un jour il m'arriverait de créer le personnage de Maigret... »
Préface

  • Rédaction
    [ ? ].


  • Manuscrit
    [ ? ].


  • Publication d'une préoriginale
    Aucune.


  • Edition originale
    In Commissaire de quartier, de Jean Ambrosi.
    Achevé d'imprimer : 1er trimestre 1959.
    Paris, Les Editions du Scorpion ; 20 x 14 cm, 188 pages ; préface de Georges Simenon ; couverture illustrée en couleurs par [ ? ].
    Collection « Alternance ».


      Commissaire de quartier, 1959.
    Edition originale.


  • Texte intégral
    Très jeune, avant de savoir qu'un jour il m'arriverait de créer le personnage de Maigret, je recherchais avidement certains livres qu'on trouve dans peu de bibliothèques, je veux parler des mémoires de personnages réels ayant joué un rôle important dans la police ou dans l'histoire criminelle de leur époque. Je me souviens en particulier des souvenirs de Goron, longtemps un des limiers les plus fameux de la Sûreté, puis des ouvrages du commissaire Macé, célèbre, lui aussi, au début du siècle.

    C'est, depuis, une tradition dans la police, que de temps en temps quelqu'un prenne la relève et des hommes que j'ai bien connus, le commissaire Guillaume, aux moustaches rousses, Massu, au parapluie et aux interrogatoires quasi-légendaires, nous ont révélé à leur tour les dessous d'affaires que le public ne connaissait que par les récits des journaux.

    Aujourd'hui, c'est un ouvrage fort différent que nous offre le commissaire Ambrosi, Directeur de la Police de Nice. Au lieu de nous parler des affaires qu'il a eu à résoudre au cours de sa carrière, il s'est attaché à faire vivre jour par jour, heure par heure, la vie d'un commissariat de police dans une ville de province.

    Vais-je dire qu'il ne s'y passe rien de sensationnel ? Cela dépend du sens qu'on donne à ce mot et cela dépend aussi du point de vue auquel on se place.

    Or, ici, c'est le point de vue du commissaire qu'on nous invite à partager, un homme qui ne compte que sur son expérience humaine et sur sa connaissance du quartier pour démêler le faux du vrai, éviter les drames quand cela se peut, et parfois, raccommoder la casse.

    Aucune littérature dans ces pages. Pas de morceaux de bravoure. La vie se déroule sans précipitations, les cas se suivent ou s'enchevêtrent, cruels, stupides ou déchirants, un monde défile, enfants, vieillards, gens de tous les milieux, certains ridicules, d'autres odieux, d'autres encore attendrissants.

    On est là, assis, dans un coin, à écouter, à regarder, surpris de voir se dérouler l'envers de la vie de tous les jours.

    Et quand le rideau se baisse, quand le livre se ferme, on se lève à regret, on quitte ce commissariat et son petit monde où, sans s'en rendre compte, on vient de tant apprendre.

    Ce que le commissaire Ambrosi, bien qu'il ne m'en ait rien dit, souhaite surtout, n'est-ce pas qu'on le quitte avec un peu plus de compréhension et d'indulgence ?

    Pour ma part, en tout cas, c'est ce que je retiendrai de ce livre à la fois simple et lourd, du poids de la simplicité de l'existence quotidienne.

    Georges Simenon,
    Le 2 avril 1958.

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