Le secret du fort Bayard
Nouvelle

Les enquêtes de l'inspecteur G.7 ; [11]

  • Rédaction
    Place des Vosges 21, Paris (France), durant l'hiver 1928-1929.
    Selon les archives secrétariales de Simenon : Stavoren (Pays-Bas), durant l'hiver 1930-1931.
    Selon le livre de comptes de Simenon : Stavoren (Pays-Bas), durant l'hiver 1929-1930.


  • Manuscrit
    [ ? ].


  • Publication d'une préoriginale
    Dans l'hebdomadaire « Détective », n° 56 (énigme) et 58 (dénouement) des 21 novembre et 5 décembre 1929 (soit 2 livraisons), sous le pseudonyme de Georges Sim.


     



    Le secret du fort Bayard, 1929.
    Publication en préoriginale.



  • Edition originale
    In Les 13 énigmes (Paris, A. Fayard, 1932).
    L'ouvrage est publié sous le patronyme de l'auteur.


  • Réédition(s) en français

    [En préparation].


  • Edition(s) collective(s) en français
    Liste non exhaustive

    In Œuvres complètes (Lausanne, Editions Rencontre, 1967-1973) - tome VI.
    In Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1988-1993) - tome 18.
    In Tout Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome 18.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : [ ? ].

    En anglais :
    [ ? ] : [ ? ] (première édition américaine).
    [ ? ] : [ ? ] (première édition anglaise).

    En italien :
    [ ? ] : [ ? ].


  • Remarque(s)
    Le secret du fort Bayard est le onzième volet d'une série de treize nouvelles qui font l'objet d'un concours hebdomadaire, primé en espèces. Chaque nouvelle s'étend sur deux numéros : dans le premier sont posés tous les éléments de l'énigme ; dans le second, en quelques lignes, est donné son dénouement.


  • Intrigue
    C'est en face de La Rochelle (Charente-Maritime, France), dans l'Océan. Deux grandes îles, Ré et Oléron, s'étirent parallèlement à la côte, bouclant ainsi une rade magnifique, qui fut jadis un point stratégique important. Napoléon, en autres, y a semé des forts qui se dressent encore au milieu des flots et dont le plus célèbre est le fort Bayard.

    Au centre de la rade, à un mille à peine de Bayard, est planté l'île d'Aix, sur laquelle une centaine d'habitants vivent de la pêche et surtout des huîtres. Le décor est âpre, même à la belle saison. En novembre, il est sinistre car l'Océan enfle la voix. L'affaire dont doit s'occuper l'inspecteur G.7 l'est tout autant.

    Il y a huit jours, un yacht qui croisait dans les parages s'est amarré à l'échelle qui subsiste encore sur un des murs du fort Bayard. L'endroit est mauvais, semé de roches et les pêcheurs n'y vont qu'en cas de nécessité. Les occupants du yacht — étrangers à la région — n'ont pas eu cette prudence et c'est ainsi qu'ils firent leur monstrueuse découverte. Il y avait un être vivant dans le fort ! Un être humain ! Une jeune femme (dix-huit ans) ! Qui ne portait aucun vêtement et dont le premier réflexe fut de fuit quand elle vit des inconnus. Qui ne connaît rien du langage humain et lance autours d'elle des regards anxieux d'animal traqué ! Qui se jette avec voracité sur la nourriture !

    Elle se trouve maintenant à La Rochelle, dans une maison de santé, entourée de médecins de l'avis desquels plusieurs années seraient nécessaire pour faire d'elle un être normal, si tant est que leur tentative soit couronnée de succès.

    Une photographie de la jeune femme avait paru dans les journaux. D'Amsterdam, un homme était arrivé — Pieter Claessens — qui l'avait reconnue et donné un nom à son visage énigmatique : Clara Van Gintertael.

    Les plaisanciers qui avaient découvert Clara ont trouvé auprès d'elle des provisions ne datant pas d'un mois. La rumeur publique accusait George (quarante ans), un pêcheur grand et fort, rude d'aspect, mais d'un calme déroutant. L'homme est marié et a trois enfants. Malgré le danger. il est le seul de la région à traîne son chalut autour du fort.

    Aux magistrats qui l'ont interrogé, George a déclaré ne rien savoir. Il achevait par ailleurs chacun de ses dépositions par cette embarrassante question :

    — Où aurais-je été cherché cette fillette ?

    Car il y a treize ans que Clara est enfermé à fort Bayard ! Elle a été enlevée à Paris, dans un hôtel de l'avenue Friedland. Au premier étage, Pieter Claessens occupait un appartement avec sa nièce, Clara Van Gintertael, âgée de cinq ans dont il est le tuteur, car l'enfant est orpheline. Depuis, aucune nouvelle de la fillette ! Aucune demande de rançon. Rien !

    G.7 demande à Georges de l'emmener, sur son cotre voir les quatre vieilles murailles du fort Bayard, les détritus de toutes sortes, les coins où Clara devait se blottir. L'inspecteur n'a pas besoin de questionner le pêcheur. Il sait qu'il ne parlera pas. Il a jadis découvert l'enfant par hasard, mais n'a rien dit. Il a nourri l'enfant, qui peu à peu est devenue femme… En dépit de son étrange état, Clara est belle et George succombe à la tentation… Il ne dira rien.

    Lorsque Clara a été découverte au fort Bayard, on a signalé qu'elle portait au poignet gauche la cicatrice d'une brûlure ancienne. Ce détail — malgré l'importance qu'il revêt — ne figure pas dans le signalement de la fillette après son enlèvement, il y a treize ans. Or, Pieter Claessens affirme que cette cicatrice a été occasionnée quand l'enfant n'avait que quatre ans, par l'explosion d'un réchaud à alcool.

    G.7 devine, qu'au lendemain de l'enlèvement, si on omet de mentionner la brûlure au poignet, c'est parce qu'elle n'existe pas encore ! Pieter Claessens est à la fois l'oncle et le tuteur de Clara. Son unique héritier aussi. Lui n'a pas de fortune personnelle, Clara est très riche mais ne peut jouir de ses biens qu'à sa majorité.

    Claessens n'a pas le courage de tuer Clara ; alors il l'enferme — ou la fait enfermer à fort Bayard — livrant ainsi la fillette à son sort. Elle y mourra fatalement… Il n'y a plus qu'à attendre et il ne se soucie plus de l'enfant. Malheureusement, treize ans plus tard, il apprend que seule la jeune peut toucher l'héritage. Il se dit qu'elle est peut-être encore vivante ou des gens peuvent l'avoir recueillie.

    Pieter Claessens revient voir et la retrouve. Mais il lui faut la retrouver officiellement. Puis officiellement la reconnaître. La justice ne se satisfera pas de la simple thèse de la ressemblance. Une marque vaut mieux… Une cicatrice, par exemple… Aussi brûle-t-il le poignet de la jeune fille. Puis, des complices joue la comédie du yacht et de la découverte.

    Jusque-là, Claessens s'est cru d'autant plus tranquille qu'un pêcheur est accusé à sa place. C'était sans compter sur la perspicacité de G.7 !



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