Les trois crimes de mes amis
Roman

  • Rédaction
    7, boulevard Richard-Wallace, Neuilly-sur-Seine (Seine, France), en janvier 1937.


  • Manuscrit
    [ ? ].
    Le manuscrit a été vendu aux enchères au profit des prisonniers de guerre, à l'initiative de l'auteur en 1943.


  • Publication d'une préoriginale
    En feuilleton dans l'hebdomadaire « Confessions », n° 13-22 du 25 février au 29 avril 1937 (soit 10 livraisons) ; illustrations (photos).


     


      Les trois crimes de mes amis, 1937.
    Publication en préoriginale.




  • Edition originale
    Achevé d'imprimer : avril 1938.
    Paris, Gallimard, N.R.F. ; 19 x 12 cm, 185 pages ; couverture blanche.

    Tirage de tête
    30 exemplaires sur alfa, dont 20 exemplaires numérotés de 1 à 20 et 10 exemplaires hors commerce, numérotés de 21 à 30.

    La présentation de la couverture est la même pour les deux tirages (tirage de tête et tirage courant).


      Les trois crimes de mes amis, 1938.
    Edition originale.


  • Réédition(s) en français

    [En préparation].


  • Edition(s) collective(s) en français
    Liste non exhaustive

    In Œuvres complètes (Lausanne, Editions Rencontre, 1967-1973) - tome 10.
    In Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1988-1993) - tome 21.
    In Tout Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome 21.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : [ ? ].

    En anglais :
    [ ? ] : [ ? ] (première édition américaine).
    [ ? ] : [ ? ] (première édition anglaise).

    En italien :
    [ ? ] : [ ? ].


  • Remarque(s)
    A l'occasion d'une vente aux enchères tenue à Bruxelles, le 8 mars 2002, un exemplaire de Trois crimes de mes amis a été vendu accompagné d'une correspondance comprenant quatre cartes de vœux et neuf lettres (nom du destinataire barré) de quatre pages (l'une d'entre elles compte huit pages), sur papier à entête de l'Etablissement de défense sociale — l'asile des malades mentaux — à Tournai.

    Ces lettres sont datées du 2 octobre 1952 au 6 juin 1953, écrites et signées par Hyacinthe Dans, bouquiniste à Liège dans les années 1920, qui fut condamné à perpétuité en 1933 pour le meurtre de sa mère et de sa maîtresse. C'est l'un des premiers personnages réels dont Georges Simenon s'inspire pour l'un de ses romans, en l'occurrence Les trois crimes de mes amis.

    Le même lot a été revendu par Sotheby's à Paris le 24 juin 2003.




    Lettre de Hyacinthe Dans, 2 octobre 1952.


    Me Houba, l'un de ses avocats de Hyacinthe Dans, fut la seule personne, outre un arrière-petit cousin, à lui rendre visite après sa condamnation. Maître Houba est décédé en 1947.

    Le 12 mars 1939, à Me Houba recoit de Hyacinthe Dans une lettre dans laquelle on trouve ces lignes : « Il y a quelques mois, le hasard d'une lecture dans une revue s'occupant de critique littéraire m'a fait connaître l'existence d'un livre que vous devriez acheter et qui traite de moi : Les trois crimes de mes amis. L'auteur n'est autre que mon ancien employé Georges Simenon, un Liégeois, ancien journaliste, actuellement millionnaire à Paris (Neuilly) et auteur de plus de 200 romans, livres, romans policiers, de voyages, etc... C'est une célébrité actuelle dans le monde des lettres. Evidemment, je n'ai pas lu ce livre. Mais vous pourriez y trouver de l'intéressant. Peut-être aussi Georges a-t-il un peu affabulé. Vous verrez bien ! »

    [Information fournie par M. Philippe Méré , dont Me Houba était le grand-père maternel. L'extrait de la lettre du 12 mars 1939 provient des archives de Me Houba, en posssion de la tante de M. Pétré, Mme Françoise Houba.]


    Simenon a collaboré à la feuille pamphlétaire « Nanesse », alors dirigée par Hyacinthe Dans de février 1924 à novembre 1925. Il n'ignore donc pas, en rédigeant De la rue au bonheur (publié sous le pseudonyme de Jean du Perry ; Paris. J. Ferenczi et Fils, 1926), que celui-ci vient d'être condamné à deux ans d'emprisonnement pour délit de presse. En effet, c'est au début de juillet 1926, que les tribunaux liégeois rendent leur sentence touchant les activités journalistiques pour le moins équivoques de celui qui défrayera la chronique en 1933 par un triple meurtre dont Simenon retrace les circonstances dans Les trois crimes de mes amis.

    Dans L'univers de Simenon, Maurice Piron précise que Les trois crimes de mes amis est un récit à la première personne qui retrace des souvenirs de jeunesse de Simenon. Il ne s'agit pas d'un roman au sens strict du terme, c'est-à-dire d'une histoire ayant un début et une fin et où les événements trouvent une explication aussi claire qu'illusoire. Le récit, qui a valeur d'un reportage d'époque, rapproche des faits réels cristallisés autour d'une même idée : ces trois fréquentations de jeunesse étaient des assassins en puissance. Comment en sont-ils arrivés là et pourquoi ? L'auteur se pose la question, sans pouvoir y répondre.


  • Intrigue
    Liège (Belgique), au lendemain de la Première Guerre mondiale. Dans le quartier d'Outremeuse, au fond d'une cour sinistre, une bande de jeunes artistes et intellectuels se retrouve dans un local sordide appelé La Caque. Le jeune Simenon fait partie de ces jeunes gens qui, après les traumatismes du conflit, partagent le même goût pour l'exaltation farfelue, les beuveries et la crasse. Entres autres excentricités, ces soirées accueillent de temps à autre un homme originaire du Proche-Orient, surnommé le Fakir. Cet illusionniste choisit, pour ses expériences, le petit K…, un jeune peintre maladif et pauvre qu'il pousse à consommer de la drogue et qu'on retrouvera pendu, un matin d'hiver, au porche de l'église Saint-Pholine, à une centaine de mètres de La Caque [NDLR : il s'agit du peintre Joseph Kleine, dont Simenon évoquera encore le destin tragique dans Le pendu de Saint-Pholien].

    Simenon, qui fut l'un des compagnons de K…, fait entre-temps la connaissance d'un confrère en journalisme, Ferdinand Deblauwe (environ trente-cinq ans). Fils d'un commerçant liégeois, journaliste à Paris puis à Liège, Deblauwe est un homme élégant et beau parleur. Grâce à l'appui financier d'un Roumain dont il ne tardera pas à être sans nouvelles, il lance une gazette satirique appelée « Nanesse », à la rédaction de laquelle il associe occasionnellement le jeune Simenon.

    « Nanesse » perd rapidement sa vocation satirique et devient une feuille de chantage que Deblauwe vend au bouquiniste Hyacinthe Dans, avant de quitter la Belgique pour l'Espagne. Il trouve en effet plus lucratif de s'installer à Barcelone et de faire travailler pour lui, dans une maison close, son amie Renée. Le proxénétisme marquera, dans l'existence de Ferdinand Deblauwe, le début de la déchéance. On retrouvera l'ancien journaliste à Paris, au début des années 1930, dans un hôtel de la rue Maubeuge, où il vient d'assassiner un rival espagnol.

    Simenon fréquente la librairie de l'adipeux Hyacinthe Dansà la fin de l'occupation allemande. Dans son arrière-boutique, celui-ci s'intéresse aux sciences occultes et aux petites filles. Dès l'armistice, Dans se mue en homme de lettres et, une fois propriétaire de « Nanesse », déclenche une série de scandales qui lui valent d'être condamné à deux ans de prison pour chantage.

    Avant d'effectuer sa peine, Dans fuit la Belgique et gagne la région parisienne avec sa maîtresse, Armande Comtat. Pour subsister, il place la jeune femme dans une maison de la rue du Caire. Lorsqu'elle décide de le quitter, il demande à la voir une dernière fois et la tue d'un coup de marteau à la tête suivi d'un coup de couteau dans la gorge, comme il avait vu abattre une truie dans la cour d'une ferme alors qu'il était enfant. Dans la foulée, Dans répète le même acte sur sa vieille mère puis, ayant fait la toilette mortuaire des deux mortes, se rend à la gare et prend le train pour Liège. Il a l'intention de se constituer prisonnier. Comme il craint d'être extradé en France où l'attend la peine capitale, il commet un troisième crime à Liège, déchargeant son revolver sur le Père Haut, un jésuite qu'il a eu autrefois comme confesseur au collège Saint-Gervais.

    Hyancinthe Dans finira sa vie dans un asile d'aliénés.



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