Les cent mille francs de
P'tite Madame

Nouvelle

  • Rédaction
    [ ? ].


  • Manuscrit
    [ ? ].


  • Publication d'une préoriginale
    Dans l'hebdomadaire « Notre Cœur », n° 10-11 des 27 décembre 1940 et 3 janvier 1941 (soit 2 livraisons).


       



    Les cent mille francs de P'tite Madame, 1940-1941.
    Publication en préoriginale.



  • Edition originale (publication posthume)
    In
    Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1992) - tome 22.
    Les cent mille francs de P'tite Madame est l'un des treize textes recueillis sous le titre Nouvelles introuvables, 1936-1941.


  • Réédition(s) en français
    Aucune.


  • Edition(s) collective(s) en français
    Liste non exhaustive

    In Tout Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome 22.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : [ ? ].

    En anglais :
    [ ? ] : [ ? ] (première édition américaine).
    [ ? ] : [ ? ] (première édition anglaise).

    En italien :
    [ ? ] : [ ? ].


  • Intrigue
    Le 13 octobre, P'tite Madame (seize ans et demi) passe chez son amie, Yvonne, dont les parents sont riches et qui habite boulevard Suchet (Paris, France). Comme elle ne possède pas de robe convenable pour se présenter dans cet appartement luxueux, elle revêt un ensemble jupe-culotte et tricot qui a au moins le mérite de l'originalité.

    A onze heures, Yvonne raccompagne P'tite Madame jusqu'au seuil et s'inquiète de son intention de rentrer chez elle en traversant le Bois de Boulogne, bien que ce soit le chemin le plus court pour atteindre le Pont de Neuilly, où elle vit avec son père et sa mère.

    P'tite Madame monte sur son vélo et s'engage dans le Bois. Soudain, elle sent le sol dur sous sa roue avant. Crevaison ! Il ne lui reste plus qu'à pousser sa machine et à soretir au plus vite de ce désert obscur. Alors que la peur commence à s'insinuer en elle, la jeune fille aperçoit une voiture, les phares en veilleuse, arrêtée sur la route à trente mètres d'elle. Elle accélère le pas et s'écarte du véhicule autant que la largeur de l'allée le permet. Dans l'auto, elle devine qu'il y a plusieurs occupants, mais elle distingue surtout le visage d'un homme encore jeune, très blond et très pâle.

    A peine a-t-elle dépassé la voiture, qu'elle entend un bruit de vitre brisée. Elle se retourne, un bras se tend par la portière et lance quelque chose… Un petit paquet tombe près du vélo avec un bruit mou. Sans réfléchir, P'tite Madame se baisse et le ramasse. A cet instant précis, une détonation retentit dans l'auto. La jeune fille s'élance en courant ; derrière des cris, des bruits de pas, le coup de sifflet d'un agent de police… Enfin, elle parvient à la Porte de Madrid, puis à son domicile.

    Dans sa chambre, P'tite Madame ouvre le paquet. C'est une enveloppe jaune qui contient une liasse de billets de mille francs entourée d'un élastique. Elle les compte. Il y en a cent, qu'elle glisse au-dessus de son armoire à glace.

    Par les journaux, la jeune fille apprend que le véhicule du Bois de Boulogne, ce 13 octobre, portait un faux numéro d'immatriculation et que la police y a découvert le corps d'Eugène Maloin, dit Gégé, tenancier d'une maison de jeu clandestine. Il s'agit d'un règlement de compte et un homme a été arrêté la nuit même. Fernand Voisin, malgré un interrogatoire serré de vingt-quatre heures, ne livrera pas le nom de ses complices et sera condamné à trois ans de prison.

    P'tite Madame ne touche pas à l'argent trouvé, sauf pour s'acheter un ensemble de sport d'hiver en grosse laine vert pâle, qui lui coûte un peu moins de cinq-cents francs. Au printemps, elle fait la connaissance de Jean : c'est le coup de foudre. Le jeune homme rêve d'être engagé comme violoniste dans l'orchestre de la radio. Les jeunes gens se fiancent et, une année plus tard, se marient. Ils s'installent dans un meublé de l'avenue des Ternes. P'tite Madame emménage avec son butin, qu'elle cache dans un soulier.

    Le jeune couple vit chichement et les fins de mois sont difficiles. Sans méchanceté, P'tite Madame en fait le reproche à son mari et le pousse à se débrouiller mieux pour gagner plus. Jean fait son possible, devient troisième violon dans l'orchestre et donne des leçons de musique à dix francs de l'heure. Son salaire, comparé à la fortune de son épouse, est maigre… P'tite Madame se montre toujours plus exigeante ; Jean quitte la radio pour rejoindre l'orchestre d'une boîte de nuit de Montparnasse.

    Il annonce fièrement la nouvelle à son épouse. Ce nouvel emploi leur permettra de déménager et de s'installer enfin dans un appartement avec salle de bains. D'ailleurs, le soir-même, ils sont invités à manger avec ses nouveaux patrons. P'tite Madame accueille ce changement avec froideur. Ils se disputent. Finalement, elle consent à l'accompagner. Le dîner a lieu dans un de ces petits restaurants intimes et très chers, connus pour leurs nappes à carreaux, leurs petites lampes sur les tables, leurs cuivres aux murs et leurs patrons en toque blanche qui serrent la main des clients.

    Le nouveau patron de Jean arrive avec un peu de retard, l'air affairé. Jean se charge des présentations. P'tite Madame suffoque. Elle n'ouvre pas la bouche du repas et refuse d'aller boire le champagne dans l'établissement où Jean travaillera.

    De retour avenue des Ternes, P'tite Madame retire l'argent de la chaussure et jette les billets sur la table. Il faut une crise de larmes, une crise de nerfs pour que le couple se calme et se comprenne. P'tite Madame raconte à son mari son aventure du Bois de Boulogne. L'individu avec lequel ils ont dîné ce soir, le futur de patron de Jean, c'est lui, c'est le jeune homme blond et pâle de la voiture… Elle l'a immédiatement reconnu.

    P'tite Madame et Jean se rendent chez un homme de loi et lui confient les cent mille francs. Les cinq-cents francs qui ont servi pour l'achat de l'ensemble de sport — aujourd'hui mangé par les mites faute d'avoir été porté — ils les rembourseront dans deux mois. Et ils continueront ainsi de s'aimer comme au premier jour.


  • Sources
    Ouvrages consulté
    s et informations relatives aux recherches bibliographiques.


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