Le deuil de Fonsine
Nouvelle

  • Rédaction
    Hôtel Les Roches Noires, Les Sables-d'Olonne (Vendée, France), rédaction achevée le 9 janvier 1945.


  • Manuscrit
    [ ? ].


  • Publication d'une préoriginale
    Aucune.


  • Edition originale
    In Maigret et les petits cochons sans queue (Paris, Presses de la Cité, 1950).


  • Réédition(s) en français
    Liste non exhaustive

    Nouvelle recueillie en volume in Le bateau d'Emile (Paris, Gallimard, N.R.F., 1954).

    Nouvelle recueillie en volume in La rue aux trois poussins (Paris, Presses de la Cité, 1963).

    Nouvelle recueillie en volume in 4 nouvelles (Frankfurt-am-Main, M. Diesterweg, 1974).


  • Edition(s) collective(s) en français
    Liste non exhaustive

    In Œuvres complètes (Lausanne, Editions Rencontre, 1967-1973) - tome 26.
    In Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1988-1993) - tome 4.
    In Tout Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome 4.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : [ ?
    ].

    En anglais :
    [ ? ] : [ ? ] (première édition américaine).
    [ ? ] : [ ? ] (première édition anglaise).

    En italien :
    [ ? ] : [ ? ].


  • Adaptation(s) pour la télévision
    Liste non exhaustive

    Sous le titre Meurtre dans un jardin potager, téléfilm français d'Edwin Baily.
    Scénario et dialogues : [ ? ].
    Avec : Bruno Crémer (Maigret), Geneviève Fontanel, Remy Kirch, Renée Le Cam, Michèle Simonet, Christophe Kourotchkine…
    Première diffusion : [ ?], le [ ? ] 1998.
    [Série des téléfilms Maigret/Bruno Crémer ; 30].


  • Remarque(s)
    Bien que recueillie en volume dans un ouvrage dont le titre fait référence au personnage de Maigret, Le deuil de Fonsine n'appartient pas au cycle des Maigret et le personnage du commissaire n'y apparaît pas. Cette intrigue n'est sert pas pas moins de base à au téléfilm intitulé Meurtre dans un jardin potager, dans lequel Maigret tient le rôle principal.


  • Intrigue
    On ne compte plus les fois où les sœurs Sirouet se présentent devant le juge de paix, à Pouzauges (Vendée, France). Fernande — une femme courte, massive, au visage carré, aux mâchoires puissantes, au teint du même gris mat que ses cheveux — et Alphonsine (qu'on a toujours appelée Fonsine) — de même taille, mais plus maigre, avec des épaules rentrées, un visage doux et mélancolique — se partagent, à Saint-Mesmin, la maison qu'elles ont héritée de leurs parents.

    Se partager est le terme exact ! Car chacune des sœurs a sa maison : l'immeuble, heureusement tout en longueur, a été divisé en deux, de telle sorte qu'il y a maintenant deux maisons. Et pour que cela ne fasse aucun doute, Fonsine a peint sa moitié de façade en bleu pâle, tandis que Fernande a gardé la sienne couleur de pierre sale. Les pièces qui ne pouvaient être coupées en deux, comme la cuisine avec sa grande cheminée de pierre, avaient été tirées au sort… Chacune d'elles a sa porte et ses trois fenêtres en façade. Chacune d'elles a son jardin, séparé de l'autre par un mur de deux mètres dix. Chacune d'elles a son épicier, son boucher, son charcutier… car elles se seraient crues déshonorées d'aller chez le même fournisseur.

    Fernande a son avoué à Pouzauges, Fonsine son homme de loi à Fontenay. Ce sont eux qui entretiennent les rapports indispensables. Car depuis dix-huit ans, elles se haïssent, ne s'adressent plus la parole, ne se connaissent pas. Elles se croisent vingt fois par jour, et chacune regarde l'autre comme si elle eût été transparente.

    Leur haine remonte à la première communion des deux sœurs, car elles l'avaient faite ensemble. Fernande, qui était l'aînée de deux ans, avait dû attendre sa cadette, car le père avait décidé de s'en tirer avec une seule cérémonie. Puis, Fernande aurait dû se marier la première, mais Fonsine lui avait brûlé la politesse. Elle avait épousé l'instituteur de Saint-Mesmin, Antonin Brécard, qui était mort deux ans plus tard. Alors Fonsine décida de revenir dans la maison paternelle…

    Depuis dix-huit ans qu'elles vivent entre les pierres qui les ont vues naître, que d'histoires ayant fait l'objet de débats en justice ! Chats empoisonnés, lettres anonymes, objets de toutes sortes balancés par dessus le mur qui sépare le jardin en deux.

    Cette fois, c'est une affaire de casserole en fonte lancée par l'une dans le jardin de l'autre — qui dit avoir été blessée, sans pour autant que cela puisse être vérifié — amène la condamnation de Fonsine. Cinq cents francs d'amende et les frais…

    Cette histoire sera la dernière, car Fonsine meurt d'une pneumonie peu de temps après. Les voisins sont venus la veiller, son homme d'affaires s'est occupé de l'enterrement. Et Fernande de profiter de ce jour-là — au moment où se forme le convoi — pour nettoyer son seuil à grande eau. Pas moyen de dire plus clairement :

    — Bon débarras !

    Sous prétexte qu'elle ne la connaît pas, Fernande ne porte pas le deuil de Fonsine. Elle se serait plutôt habillée en jaune canari ! Mais voilà, au lieu de se réjouir vraiment de la mort de sa sœur, Fernande se mine. Certes, elle se demande bien qui habitera dans la maison de Fonsine et cela la préoccupe. Mais ce n'est pas tout. On voit bien qu'elle est désormais sans entrain, comme quelqu'un que ronge un chagrin caché. Elle n'a plus goût à rien, elle est désœuvrée et n'a le courage de rien. A midi, il lui arrive de ne pas être débarbouillée et de porter ses vêtements de nuit sous sa robe.

    Moins d'un an après sa sœur, Fernande meurt à son tour. Toute seule, un soir. Non pas d'une maladie, mais de toutes et d'aucune, comme les bêtes qui s'ennuient. Elle meurt de n'avoir plus de quoi attiser sa haine, cette flamme froide qui avait fait vivre côte à côte, mais dans l'ignorance de l'autre, les sœurs Sirouet.




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