L'homme qui mitraillait les rats
Nouvelle

  • Rédaction
    [ ? ], 1936 [ ? ].



  • Manuscrit
    [ ? ].


  • Publication d'une préoriginale
    Dans l'hebdomadaire « Match » (nouvelle série), n° 15 du 13 octobre 1938 ; illustrations (deux dessins) de Ergès.


     


     

    L'homme qui mitraillait les rats, 1938.
    Publication en préoriginale.



  • Edition originale (publication posthume)
    In
    Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1992) - tome 22.
    L'homme qui mitraillait les rats est l'un des treize textes recueillis sous le titre Nouvelles introuvables, 1936-1941.


  • Réédition(s) en français
    Aucune.


  • Edition(s) collective(s) en français

    In Tout Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome 22.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : [ ? ].

    En anglais :
    [ ? ] : [ ? ] (première édition américaine).
    [ ? ] : [ ? ] (première édition anglaise).

    En italien :
    [ ? ] : [ ? ].

  • Remarque(s)
    L'homme qui mitraillait les rats est directement inspiré du récit-reportage, Celui qui se battait avec les rats ou la plus banale des histoires, remanié sous forme de nouvelle.

    Mentionner date de publication



  • Intrigue
    Le narrateur, un Européen parti en expédition de Buenaventura (Colombie), navigue depuis six jours dans le limon, parmi les palétuviers aux racines biscornues. Il fait gris, gris sale et tellement humide qu'on a la peau visqueuse. Dans le Choco, alors qu'il est accroupi à l'avant de sa pirogue, il aperçoit — debout sur la rive, les bras croisés et parfaitement — un homme d'une trentaine d'années, sale et débraillé, d'une maigreur effrayante. Son regard est méfiant, presque haineux. Ses yeux sont fiévreux et cernés de rouge.

    C
    'est un Blanc ; il n'y a en a pas d'autres à moins de cinq journées de pirogue ! Derrière lui, à travers un rideau d'arbres, on distingue deux bicoques bâties sur pilotis et, sur l'une d'elles, un écriteau qui porte la mention commerciale : Baloma Ltd. La rencontre est loufoque, clownesque, presque tragique.

    L'homme s'appelle Peeters. Il est ingénieur et originaire d'Anvers (Belgique). Il a été envoyé ici trois ans plus tôt comme prospecteur d'or par la Baloma Ltd. Sa bicoque est sordide, emplies de trappes de toutes sortes. Des pièges à rats. Il a essayé sans succès tous ceux qu'on fabrique à Buenaventura. Maintenant, il s'y prend autrement…

    La nuit, au moment où l'on croit qu'on va s'endormir, ils sont quelquefois vingt ou trente à gratter et à s'avancer près du grabat, sans draps ni couverture, qui sert de lit sous une moustiquaire déchirée. Peeters raconte qu'au début, il les chassait ; mais, une demi-heure plus tard, ils étaient de nouveau là, plus bruyants qu'avant. Maintenant, il sème des morceaux de biscuits au milieu de la pièce et, quand ils sont assez nombreux, il tire dessus avec un fusil de chasse. Il prépare lui-même les cartouches avec de la limaille.

    Peeters ne peut pas quitter le Chaco. La Baloma Ltd ne le permettrait pas. Les Indiens et les quelques nègres qui travaillent pour le Belge n'exploitent pas une mine aussi riche que prévu. Cela n'a pas empêché la société d'éditer des prospectus et de lancer des paquets d'actions…

    Par crainte qu'on découvre la vérité, la Baloma Ltd laisse croupir Peeters dans sa mine. A Buenaventura, un dénommé Estevio est chargé de récupérer la poudre d'or issue de l'exploitation et de surveiller le Belge. Tous les mois, il lui fait porter de la nourriture et, surtout, du mauvais whisky.

    Peeters avoue à son visiteur qu'il a écrit toute la vérité et mis ses documents en lieu sûr. Il prétend aussi avoir découvert du platine suffisamment pour gagner des millions et n'en avoir rien dit à personne.

    Après avoir passé deux jours avec Peeters, le narrateur poursuit sa route. Lorsqu'il redescend la rivière, la semaine suivante, il s'attend à retrouver le Belge debout au bord de l'eau. L'écriteau de la Baloma Ltd est toujours à sa place ; quelques indigènes travaillent. Il leur demande des nouvelles de l'ingénieur, on lui répond par un geste qu'il s'est tiré une balle dans la tête.

    Cinq jours plus tard, le narrateur arrive à Buenaventura. Il cherche M. Estevio : le portier de l'hôtel lui désigne un gentleman basané, vêtu de blanc des pieds à la tête, avec une cravate rayée de rouge et de bleu, des chaussettes de soie et des souliers en crocodile. L'homme remplit des formules de câblogrammes tout en fumant un énorme havane.

    Le cas Peeters ne l'intéresse pas. S'il s'est tué ? La question est sans importance. Il faut six jours pour aller là-bas et le corps ne peut pas se conserver si longtemps. De toute façon, la police n'ira pas… même si le bruit court que la balle a pénétré par la nuque et est ressortie pas la tempe, ce qui…

    Même après voir quitté la Colombie, le narrateur ne peut s'empêcher de repenser à cette silhouette grotesque et stupidement immobile, les bras croisés, sur la rive d'une rive d'une rivière glauque. Quelquefois aussi, quand il passe devant une bijouterie ou qu'il regarde une main baguée… L'or ne parle pas, bien sûr. Mais pour lui, il a l'accent flamand de Peeters.



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