Sept petites croix dans un carnet
Nouvelle

  • Rédaction
    Carmel by the Sea (Californie, U.S.A.), du 1er au 4 avril 1950.


  • Manuscrit
    [ ? ].


  • Publication d'une préoriginale
    En anglais, sous le titre Seven Little Crosses [ ? ], dans « The Illustrated London News », n° 5'281 A (volume 217) du 16 novembre 1950.

    En français, aucune publication préoriginale n'a été retrouvée, bien que celle-ci ait été prévue dans « France-Dimanche » (l'analyse intégrale des microfilms concernant les 74 numéros de la période d'avril 1950 à août 1951 n'a donné aucun résultat).


  • Edition originale
    In Un Noël de Maigret (Paris, Presses de la Cité, 1951).


  • Réédition(s) en français
    Liste non exhaustive

    Edition illustrée :
    Achevé d'imprimer : 1956.
    Boston, D. C. Heath and Company, 1956 ; 17 x 12 cm, 131 pages ; illustrations de W. T. Mars.
    Ouvrage de type scolaire avec vocabulaire en fin de volume.


     

    Sept petites croix dans un carnet, 1956.
    Réédition.



  • Edition(s) collective(s) en français
    Liste non exhaustive

    In Œuvres complètes (Lausanne, Editions Rencontre, 1967-1973) - tome XXV.
    In Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1988-1993) - tome 5.
    In Tout Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome 5.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : Sieben Kreuzchen in einem Notizbuch.


      Sieben Kreuzchen in einem Notizbuch, [ ? ].
    Edition allemande (Diogenes).


    En anglais :
    [ ? ] : [ ? ] (première édition américaine).
    [ ? ] : [ ? ] (première édition anglaise).

    En italien :
    [ ? ] : [ ? ].


  • Adaptation(s) cinématographique(s)
    Liste non exhaustive

    Sous le titre A life in the balance, film [ ? ] d'Harry Horner.
    Scénario : Robert Presnell Jr et Leo Townsend.
    Avec : Ricardo Montalban, Anne Bancroft, Lee Marvin, José Parez, Rodolfo Acosta, Carlos Muzquiz, Jorge Trevino, José Torvay…
    Sortie le [ ? ] 1955.


      A life in the balance, 1955.
    Affiche américaine ; 68 x 102 cm


    Sous le titre La sixième victime, version française du film d'Harry Horner.
    Sortie le [ ? ].


      La sixième victime, [ ? ]
    Affiche belge 35,5 x 54,5 cm.


  • Adaptation(s) pour la télévision
    Liste non exhaustive

    Sous le titre Seven Little Crosses, téléfilm anglais de Gerard Glaister].
    Adaptation : Giles Cooper.
    Avec : Rupert Davies (Maigret), Ewen Solan, Helen Shingler, Neville Jason, Victor Lucas, Michael Phillips, George Roderick, Alfred Burke, James Maxwell, Arthur Lowe, Fanny Carby…
    Première diffusion : BBC TV, le 3 décembre 1962.


  • Remarque(s)
    Sept petites croix dans un carnet a obtienu le Prix Edgar Poe réservé à la meilleure nouvelle policière américaine de l'année 1950.

    Bien que publiée dans un recueil dont le titre évoque les enquêtes du commissaire Maigret, Sept petites croix dans un carnet est un texte dans lequel celui-ci n'apparaît pas. Pour le téléfilm anglais Seven Little Crosses, la nouvelle a été adaptée de manière à ce que le personnage fétiche de Simenon y tienne le rôle principal.

    La nouvelle a pour cadre le central téléphonique de la Préfecture de Police de Paris et cite de nombreuses anecdotes (par exemple : suicide par pendaison, noyade et coup de revolver simultanés) du reportage effectué en 1937 pour le quotidien « Paris-Soir » et publié sous le titre « Police-Secours ou les nouveaux mystères de Paris ». L'auteur a cependant laissé de côté dans le roman une série de notations vaguement racistes (sur la criminalité des romanichels ou des Nord-Africains) ou populistes (les délinquants se trucident entre eux : bon débarras !) présentent dans le reportage. Enfin, c'est le rendu de l'atmosphère qui fait l'intérêt le plus puissant de du texte, davantage que l'intrigue policière.


  • Intrigue
    Paris (France), une nuit de Noël. Des restes de victuailles traînent sur les meubles, avec trois ou quatre bouteilles vides. Ils sont trois, trois nuiteux, enfermés dans la vaste pièce depuis la veille à onze heures du soir. Il y a Sommer, qui évoque quelques souvenirs d'enfance : la froidure de l'hiver, là-bas, en Lorraine ; et le fameux boudin que faisait sa mère pour le réveillon. Il y a Lecœur, devant son standard téléphonique aux centaines de fiches ; devant lui, un gigantesque plan de Paris est peint sur le mur et les petites lampes qui s'allument représentent les postes de police de Paris. Dès que l'un d'eux est alerté, l'ampoule s'éclaire et Lecœur se renseigne sur la raison du dérangement. Enfin, il y a Mambret, qui prend des notes, principalement lorsqu'un vol de voiture est signalé. Ce soir là, il y en a eu quarante-huit.

    Une rixe entre deux ivrognes, boulevard Massena ; trois tentatives de suicide, la dernière au véronal dans l'élégant quartier de Passy ; cinq coups de couteau, deux à la Porte d'Italie et trois dans le Montmartre des Nord-Africains ; quelques enfants perdus, mais retrouvés peu après. A chaque intervention de la police, Lecœur trace une croix dans son carnet, dans la colonne idoine. Cela fait quinze ans qu'il passe ses nuits devant la carte aux petites lampes et son standard téléphonique. Il n'est pas marié et on ne sait même pas où il habite, ni ce qu'il devient une fois sorti de ce bureau où il vit la nuit.

    Vers six heures du matin, l'inspecteur Janvier, de la brigade des homicides, vient se chauffer les mains au-dessus du radiateur :

    — Si le tueur fait des siennes, c'est ici que je serai le plus vite informé.

    Lui aussi a fait la nuit. En face, dans les locaux de la P. J. Depuis neuf semaines, il traque un tueur à propos duquel on ne sait rien. Pas de traces, pas d'indices. Il a assassiné huit fois, dont trois fois un dimanche. Les victimes sont des personnes isolées, jeunes ou vieilles, mais invariablement isolées. Des gens qui vivent seuls, sans famille, sans amis. L'homme tue et vole ensuite.

    Une nouvelle lampe vient de s'allumer. Lecœur va aux nouvelles : quelqu'un vient de briser la glace d'une borne de police-secours, rue Leblanc. Dix minutes plus tard, la même chose se produit au pont Mirabeau. Puis à l'avenue de Versailles, à la rue de la Fontaine, à la rue Berton. Et une sixième, rue Michat… où, dans un grand immeuble pauvre de sept étages, la concierge, après avoir entendu courir dans l'escalier, trouve le corps d'une vieille femme. Lecœur pense au tueur pisté par Janvier et met l'inspecteur au courant. A peine celui-ci parti sur le lieu du crime qu'une nouvelle lampe s'allume. On a fait éclater la vitre — la septième ! — d'une borne avenue d'Iéna. Parmi les débris de verre, la police découvre un mouchoir à carreaux bleus, avec des traces de sang. Un mouchoir d'enfant, sans initiales.

    André Lecœur regarde son carnet et les sept petites croix qu'il vient d'y inscrire. En une heure et demie environ, on a brisé sept vitres de bornes de secours. Et celui qui s'est livré à ce jeu-là ne marchait pas en ligne droite, ne suivait pas un chemin déterminé pour se rendre d'un point à un autre, mais faisait d'assez nombreux zigzags.

    Un témoin, qui habite une maison derrière l'immeuble, prétend avoir vu un gamin grimper le long du mur vers la fenêtre de la vieille femme qui a été tuée. Lecœur connaît bien le quartier : c'est là qu'il habite. Il connaît aussi la victime, Mme Fayet, qui est aussi la belle-mère de son frère, Olivier Lecœur. Tous logent dans le même périmètre. Mme Fayet déteste son gendre, qu'elle rend responsable de la mort de sa fille, décédée d'une maladie deux ans après avoir épousé Olivier et dix mois après avoir donné naissance à un petit François.

    Olivier Lecœur a élevé seul son fils. Comme son frère André, il travaille de nuit, en tant que linotypiste à « La Presse ». Mais, il y a trois mois, il a s'est fait licencier. Par honte, il n'en a rien à dit à son fils et a continué à sortir le soir pour se rendre à son travail. Pour offrir un cadeau de Noël à François — une radio — Olivier Lecœur se résout à demander de l'argent à sa belle-mère. Dans le quartier, celle-ci est connue pour ses prêts à la semaine et les forts intérêts qu'elle réclame.

    Le soir du drame, Olivier Lecœur se rend chez Mme Fayet. La discussion est animée — toujours les mêmes reproches suite à la mort de sa fille — mais la vieille finit par prêter le montant demandé. Olivier quitte Mme Fayet et va faire ses achats de Noël. Puis il passe la nuit dans un cinéma et rentre à l'aube. Son fils n'est pas à la maison. Il lui a laissé un billet et lui donne rendez-vous à la gare d'Austerlitz. C'est là que la police l'arrête.

    Le commissaire Saillard, aidé par André Lecœur, comprend très vite qu'Olivier n'est pas le meurtrier de Mme Fayet. Lorsqu'il lui a rendu visite, il a laissé chez elle la boîte métallique dans laquelle il emporte son casse-croûte. Ce qu'Olivier ne sait pas, c'est que son fils a découvert que son père ne travaille plus à « La Presse ». Le sachant sans le sou alors qu'il lui a promis un beau Noël, François devine que son père va aller trouver la mère Fayet pour lui emprunter de l'argent. Il l'épie. Le matin, il se réveille avant le retour de son père et, de sa chambre, voit qu'il y a encore de la lumière chez Mme Fayet. Inquiet, il se rend sur place en escaladant le mur. Il découvre le corps de la vieille femme… et la boîte métallique de son père, qu'il s'empresse d'emporter.

    Mais François découvre aussi autre chose : son père n'est pas l'assassin. Dans sa fuite, il casse la vitre de sept bornes de police-secours pour signaler l'endroit où il se trouve. Ce qu'on ignore, c'est s'il suit l'assassin de Mme Fayet… ou s'il est traqué par celui-ci !

    André Lecœur consulte son carnet, ce carnet dans lequel il n'y a que des croix, des croix minuscules que, des années durant, il s'est obstiné à tracer sans y être obligé, sans savoir au juste à quoi cela pourrait servir un jour. Ces croix représentent des années de la vie nocturne de Paris. Alors il lui vient une idée, dont il fait part au commissaire Saillard : le tueur commet ses crimes vers trois heures du matin. Il connaît parfaitement Paris, qu'il est capable de traverser sans passer devant un poste de police, sans franchir un carrefour surveillé. Lecœur pense à un homme comme son frère, un nuiteux, qui aurait perdu sa place alors qu'il travaillait dans la police…

    Saillard se renseigne immédiatement auprès de la direction du personnel. Pas une seule révocation au cours de l'année qui se termine. La dernière remonte à trois ans, le brigadier Loubet, après une série d'avertissements et trois ou quatre changements d'affectation. Il serait ensuite dans une agence de police privée.

    Par téléphone, André Lecœur entreprend des recherches et finit par tomber sur le patron de l'agence Argus : il a mis Loubet à la porte il y a deux mois parce qu'il était ivre après une heure à peine de service. Il est affecté à la surveillance des immeubles… En appelant le domicile de Loubet, Saillard apprend que celui-ci n'est pas chez lui et que sa femme ignore tout de son licenciement.

    Le signalement de Loubet, cinquante-huit ans, vêtu d'un pardessus noir à col de velours et coiffé d'un vieux feutre gris, probablement ivre, qui connaît son Paris et la police parisienne sur le bout des doigts est transmis à toutes les patrouilles.

    La police traque un ivrogne qui vient de tuer pour la neuvième fois afin de se procurer de petites sommes d'argent et échapper ainsi au courroux d'une épouse dont il a peur et à laquelle il n'a pas avoué qu'il était sans emploi. Et un gamin de dix ans, François Lecœur qui, pour aider son père dont il connaît les problèmes d'argent, cherche sans doute à gagner la prime promise pour l'arrestation du tueur. Soit en le pistant, soit en essayant de lui échapper parce qu'il est pour lui un témoin gênant.

    En questionnant dans les bars, la police comprend que, insensiblement, Loubet entraîne François Lecœur, en dehors de la ville, dans les terrains vagues de la banlieue. Le tueur et l'enfant sont finalement repérés boulevard Ney. Trois cars et tous les agents cyclistes sont envoyés dans ce quartier.

    Soudain, un appel téléphonique. André Lecœur décroche. On appelle de L'Orient Bar, porte de Clignancourt. C'est son neveu François… Le bistrotier, un dur, a maîtrisé Loubet… C'est fini.

    Au tableau, une petite lampe s'allume. André Lecœur pousse sa fiche dans un trou : quelqu'un vient d'annoncer qu'il y a du vilain dans un bar de la place Clignancourt. L'interlocuteur demande s'il doit rappeler plus tard. Inutile, cette fois. Pas besoin non plus de tracer une petite croix dans le calepin.

    Au même moment, un gosse, tout fier, traverse Paris dans une voiture de police.


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