Le train de Venise
Roman

  • Rédaction
    Epalinges (Vaud, Suisse), du 28 mai au 3 juin 1965.


  • Manuscrit
    Le roman est écrit directement à la machine et la dactylographie n'a pas été précédée d'un manuscrit autographe.
    Tapuscrit sur papier japon butterfly ; 168 feuillets ; corrections de l'auteur à l'encre noire, mots barrés au crayon bleu gras ; signé et daté de : Epalinges, le 3 juin 1965.
    Conservation : Fonds Simenon (Liège, Belgique).


  • Publication d'une préoriginale
    En feuilleton dans le mensuel « La Revue de Paris », n° 10-12 (72e année) d'octobre, novembre et décembre 1965 (soit 3 livraisons).


     


      Le train de Venise, 1965.
    Publication en préoriginale.


  • Edition originale
    Tirage de tête

    Achevé d'imprimer : 9 octobre 1965.
    Paris, Presses de la Cité ; 23 x 15 cm, 232 pages en feuilles, sous double emboîtage d'édition citron.
    60 exemplaires de luxe, numérotés de 1 à 60.


      Le train de Venise, 1965.
    Edition originale, tirage de tête.


    Tirage courant

    Achevé d'imprimer : 9 octobre 1965.
    Paris, Presses de la Cité ; 21 x 14 cm, 232 pages ; cartonnage d'édition, jaquette illustrée (non signée) en couleurs.


      Le train de Venise, 1965.
    Edition originale, tirage courant.


  • Réédition(s) en français
    Liste non exhaustive

    Edition numérotée et illustrée :
    Achevé d'imprimer : 15 février 1966.
    Paris : Club du Livre Sélectionné ; 20 x 13,5 cm ; 232 pages ; illustrations de Monique Gorde ; couverture illustrée.
    4'026 exemplaires, dont 4'000 numérotés de 1 à 4'000, réservés aux membres du Club, et 26 exemplaires marqués de A à Z, réservés aux amis du Club.


     

    Le train de Venise, 1966.
    Réédition illustrée.



  • Edition(s) collective(s) en français
    Liste non exhaustive

    In Œuvres complètes (Lausanne, Editions Rencontre, 1967-1973) - tome 39.
    In Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1988-1993) - tome 12.
    In Tout Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome 12.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : [ ? ].

    En anglais :
    [ ? ] : The Venice Train (première édition américaine).
    [ ? ] : [ ? ] (première édition anglaise).


      Le train de Venise, 1983.
    Edition américaine
    (Harcourt Brace Jovanovich).


    En italien :
    [ ? ] : [ ? ].


  • Adaptation(s) pour la télévision
    Liste non exhaustive

    Sous le titre Le train de Vienne, téléfilm français de Caroline Huppert.
    Adaptation et dialogues : [ ? ].
    Avec : [ ? ].
    Première diffusion : [ ? ], 1989 ; Les grands Simenon [02].


  • Intrigue
    Justin Calmar vient de passer ses vacances à Venise avec sa femme, Dominique, et ses deux enfants. Pour des raisons professionnelles - il est cadre dirigeant dans une entreprise qui produit du plastique - Justin doit rentrer quelques jours avant sa famille. Il prend donc seul le train qui le ramène à Paris.

    Dans le compartiment, un homme d'âge mûr, sans doute originaire d'Europe de l'Est, noue la conversation avec Justin. Sans avoir l'air de se montrer outrageusement curieux, il parvient à obtenir de Justin toutes sortes de renseignements sur sa personnalité, son travail ou son entourage.

    A plusieurs reprises, Justin Calmar se reproche sa naïveté et sa complaisance à répondre si facilement aux questions d'un inconnu. Il se rassure toutefois en estimant que cela n'a pas beaucoup d'importance et que l'homme disparaîtra de sa vie sitôt le voyage terminé.

    A un moment de la discussion, l'étranger dit à Justin toute l'estime qu'il lui porte. Il le juge honnête et propose de lui confier une mission. A Lausanne, Justin aura deux heures d'attente avant sa correspondance pour Paris. Il lui demande de retirer une petite valise à la consigne de la gare et de la porter, dans une rue toute proche, à une certaine Arlette Staub. Cela lui rendrait un immense service car il pourrait dès lors poursuivre sans interruption jusqu'à Genève.

    Sentant que son interlocuteur ne lui laisse pas vraiment le choix, Justin Calmar accepte la mission de son compagnon de voyage, qui lui remet la clé du casier de consigne. Puis il sort du compartiment et ne reparaît plus.

    Lorsque le train entre en gare de Lausanne, Justin n'a toujours pas revu l'inconnu. A la fois inquiet et troublé, il se décide malgré tout à honorer sa promesse. Il se rend à la consigne, ouvre le casier numéro 155 et en retire une mallette brunâtre, ni lourde, ni encombrante.

    En taxi, il se fait conduire 24, rue du Bugnon, qui se trouve à moins de cinq minutes de la gare. Arlette Staub habite au troisième, appartement 37. Il sonne. Pas de réponse. S'impatiente et sonne encore. Toujours pas de réponse. Justin tend l'oreille et pose machinalement la main sur la poignée de la porte. Et sans qu'il eût à forcer, celle-ci s'ouvre. Il avance de quelques pas et appelle. On ne lui répond pas.

    Au moment où Justin Calmar s'apprête à ressortir, il aperçoit un pied. Une paire de chaussures. Deux jambes, une combinaison, la nuque, des cheveux roux. Une femme est allongée de tout son long. Il ne voit pas son visage, se penche sur elle et lui touche la main.

    Mais à l'évidence, Mlle Staub est morte. Calmar détale les escaliers et remonte dans le taxi qui attendait. Direction la gare de Lausanne. Justin remarque subitement que, machinalement, il a gardé le porte-documents avec lui.

    De retour à son domicile parisien, donc après avoir passé sans problème la douane qu'il craignait tant, Justin Calmar ouvre la mallette et découvre qu'elle contient une fortune en dollars, en livres sterling et en francs suisses.

    Commence alors pour l'honnête Justin un véritable supplice. Que va-t-il faire de cet argent ? Le rendre à la police ? Jamais on ne croira son histoire ! Et l'homme du train ? Et Arlette Staub ? Il n'ose pas cacher le porte-documents chez lui, car son épouse pourrait très bien mettre la main dessus. Et à elle, qu'est-ce qu'il lui raconterait ? Justin se décide alors pour les consignes de gare : il y déposera la mallette et passera régulièrement d'une gare à une autre, le temps de réfléchir.

    Réfléchir... La tentation est trop forte ! Justin Calmar commence dès le lendemain à dépenser cet argent qui n'est pas à lui. Il s'offre des repas coûteux et de menues choses qu'il s'était jusque là refusées.

    Dans un kiosque, il achète « La Tribune de Lausanne » et suit l'enquête qui est menée à la suite de la mort d'Arlette Staub, vingt-cinq ans, manucure originaire de Zurich. Elle a été étranglée à l'aide d'une écharpe de soie bleue qui a été retrouvée non loin du corps. Il semblerait que la jeune femme, jolie et élégante, ne se contentait pas que de son salaire et recevait chez elle de nombreux messieurs.

    Justin Colmar, au fil des semaines, se sent prisonnier de ses mensonges. Les cadeaux offerts à sa femme et à ses enfants sont expliqués par de prétendus gains au tiercé. Au bureau comme à la maison, on s'inquiète de sa mauvaise mine. Lorsque « La Tribune de Lausanne » lui apprend qu'un ressortissant hollandais a été arrêté dans l'affaire Staub, Justin s'imagine impliqué dans une organisation internationale. Son angoisse va croissant. Et il boit pour se donner du courage. Quelques jours plus tard, l'homme se pend dans sa cellule sans avoir rien révéler d'intéressant à la police suisse.

    Justin se sent de plus en plus seul et comprend qu'il n'a jamais eu de vie personnelle, puisqu'il dépend plus des autres que de lui-même. Personne ne peut le comprendre. Sauf, peut-être, Mlle Denave, une collègue de bureau particulièrement laide qui, un jour, l'a surpris gare de l'Est alors qu'il changeait sa mallette de consigne. Elle croit qu'il a des problèmes d'argent et lui propose son aide. Un samedi après-midi, alors qu'ils sont seuls dans les bureaux, Mlle Denave s'offre à Justin Colmar. Il se laisse posséder plus qu'il ne possède cette femme qu'il ne désire pas. Elle était vierge, à trente-deux ou trente-trois ans. Lorsqu'elle lui permit enfin de relever la tête, Justin vit des chaussures d'homme sur le tapis, des jambes, un veston… Puis le visage sans expression de M. Baudelin, son patron, qu'il croyait éloigné de Paris pour affaires et qui a été le témoin de toute la scène…

    Justin Calmar se lève d'un bond, tandis que Mlle Denave - qui n'a pas encore réalisé le grotesque de la situation - est encore par terre, la robe troussée jusqu'au ventre. Ebété et honteux, sans prendre le temps de réfléchir ni de se contrôler, Justin se jette par la fenêtre.

    Il pleut et le pavé est mouillé. Dans sa chute, il entend un cri, presque le même que quand il a pénétré Mlle Denave. Puis plus rien. Le noir. Et un souvenir. Celui de sa fille. Une silhouette rouge qui agite la main tout en suçant un cornet de glace.

    Comme sur le quai de la gare de Venise, alors qu'il prenait le train pour rentrer à Paris.




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