Monsieur Lundi
Nouvelle

Les nouvelles enquêtes du commissaire Maigret
[1936] ; [04]

  • Rédaction
    Boulevard Richard-Wallace 7, Neuilly-sur-Seine (France), en octobre 1936,


  • Manuscrit
    [ ? ].


  • Publication d'une préoriginale
    Dans le quotidien « Paris-Soir-Dimanche » (supplément), n° 52 du 20 décembre 1936 ; p. 6 ; illustrations (photos non signées).
    Série « Les nouvelles enquêtes du commissaire Maigret ».




       


      Monsieur Lundi, 1936.
    Publication en préoriginale.


  • Edition originale
    In Les nouvelles enquêtes de Maigret (Paris, Gallimard, NRF., 1944).


  • Réédition(s) en français
    Liste non exhaustive

    [En préparation].


  • Edition(s) collective(s) en français
    Liste non exhaustive

    In Œuvres complètes (Lausanne, Editions Rencontre, 1967-1973) - tome IX.
    In Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1988-1993) - tome 24.
    In Tout Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome 24.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : Herr Montag.

    En anglais :
    1969 : Inspector Maigret Hesitates (première édition américaine).
    1970 : Inspector Maigret Hesitates (première édition anglaise).
    On trouve aussi : Mr. Monday.

    En italien :
    1962 : Il signor Lunedi.


  • Remarque(s)
    Monsieur Lundi est un récit complet. Cette nouvelle n'intervient donc pas dans le concours hebdomadaire de « Paris-Soir-Dimanche », lancé le 25 octobre 1936 avec L'affaire du boulevard Beaumarchais.


  • Intrigue
    Un soir d'hiver, vers cinq heures, alors que l'obscurité est complète et qu'il pleut, le commissaire Maigret éprouve de la gêne à troubler la vie d'une maison frileusement repliée sur elle-même et toute pleine d'une chaleur intime. Les poches de son pardessus sont gonflées par le rapport de l'autopsie conduite par le légiste de la P. J., le docteur Paul.

    Devant la grille noire du 47 bis boulevard de la Seine, qui sépare le jardin d'un petit hôtel particulier de Neuilly (Paris, France), dans l'élégant et confortable quartier du bois de Boulogne, Maigret marque un temps avant de sonner. Lorsqu'on vient lui répondre, il remet sa carte de visite à son interlocuteur et demande à voir le docteur Barion.

    Le médecin le reçoit dans son cabinet. Il a les yeux cernés et le teint pâle d'un homme qui n'a pas dormi depuis plusieurs jours. Trois semaines plutôt, la bonne du docteur, une jeune Bretonne nommée Olga Boulanger (dix-huit ans), a été retrouvée morte dans cette même maison. Bien que le décès d'Olga ait été assez mystérieux, le médecin de l'état civil a délivré le permis d'inhumer.

    Les parents d'Olga sont arrivés de Bretagne pour les obsèques. Ce sont de vrais paysans, durs et méfiants. Nul n'a jamais su comment ils ont réussi à apprendre que leur fille était enceinte de quatre mois, ni comment ils ont fait la connaissance de Me Barthet, l'un des fielleux avocats de la capitale.

    Toujours est-il que celui-ci les a conseillés de réclamer l'exhumation et l'autopsie du corps d'Olga, puis de porter plainte contre le docteur Armand Barion. En effet, l'examen procédé sur la victime a révélé les causes de la mort d'Olga. La jeune fille est morte l'intestin perforé par des barbes de seigle. Autrement dit, elle a ingéré des aliments qui contenaient suffisamment de fines barbes pour qu'elles restent dans l'intestin, dont elles ont perforé — comme des aiguilles — peu à peu les parois. Ce qui entraîne une rapide et fatale pollution du sang. Il s'agit d'une technique d'empoisonnement assez courante en Malaisie et aux Nouvelles-Hébrides…

    En se rendant chez le docteur Barion, Maigret s'apprêtait à conduire un interrogatoire. Or, à sa grande surprise, il se retrouve face à un homme extrêmement calme et net, qui lui fait un véritable rapport. Armand Barion a examiné, avec l'aide de son épouse et de sa cuisinière, tous les aliments qui ont passé dans la maison ces derniers temps. A force de ténacité, il découvre que les barbes de seigle proviennent de pâtisseries - de religieuses, très exactement — qu'un clochard apporte tous les lundis aux deux enfants du médecin. Le vieil homme — surnommé M. Lundi - est un mendiant à l'ancienne mode, qui effectue chaque jour une tournée différente. Il passe tous les lundis chez les Barion, qui lui gardent un repas complet. Par gratitude, il offre des gâteaux aux enfants. Ceux-ci viennent d'une boulangerie du quartier, où M. Lundi se voit remettre de la marchandise qui serait impropre à la vente, parce que légèrement défraîchie. Le docteur Barion a toujours interdi à ses enfants de toucher aux pâtisseries de M. Lundi, ce qui permettait à Olga de s'en régaler.

    Armand Barion est donc certain que sa bonne a été assassinée. Ce n'était toutefois pas elle qui était visée, mais les enfants du docteur. Celui-ci avoue aussi deux secrets à Maigret. Un dimanche, alors qu'il était seul à la maison avec Olga, il a fait l'amour avec elle. Il n'est cependant pas le père de l'enfant que portait la bonne : les dates ne correspondent pas. Maigret apprendra plus tard qu'Olga avait une liaison avec Martin Vignolet, le chauffeur des Barion, et que celui-ci aurait quitté sa femme pour partir avec sa maîtresse et l'enfant. Ils auraient ouvert un bistrot à la campagne.

    Le second secret du docteur concerne une patiente, Laurence Wilfur (trente-huit ans), qui est aussi sa voisine. Elle est Anglaise, célibataire et vit seule avec sa mère. Elle est follement amoureuse d'Armand, mais celui-ci lui refuse ses faveurs. Il affirme à Maigret n'avoir jamais eu le moindre rapport physique avec elle. A deux reprises, Miss Wilfur l'a appelé à son chevet, sous prétexte qu'elle était malade. En réalité, cela lui donnait l'occasion de se faire examiner par le docteur Barion et elle tentait de l'embrasser. C'est ainsi que le médecin a compris qu'elle l'épiait en permanence et qu'elle connaissait ses moindres manies. Pour ne pas avoir d'ennuis avec son épouse, il a signifié à Laurence Wilfur qu'il refuserait désormais de la soigner et lui interdirait même l'accès à son cabinet.

    Pendant une semaine, Maigret fouine autour du domicile des Barion, tandis que la mère d'Olga fait le siège de son bureau, au Quai des Orfèvres, dans l'attente de l'arrestation du médecin. Le commissaire finit par découvrir la pâtisserie qui remet les religieuses à M. Lundi. La patronne, Mme Bigoreau, apprend à Maigret qu'elle compte parmi ses clientes une certaine Miss Wilfur, dont les commandes - à moitié en anglais, à moitié en français, font régulièrement l'objet d'un retour de marchandises. Lorsqu'il s'agit de religieuses, Mme Bigoreau fait toujours en sorte qu'il en reste deux pour M. Lundi !

    Une brève enquête renseigne Maigret sur le passé de Laurence Wilfur. Elle a été élevée dans les colonies et son père, colonel dans l'armée britannique, est décédé aux Nouvelles-Hébrides après avoir absorbé… des barbes de seigle. Le lendemain, le commissaire procède à l'arrestation de l'Anglaise, qui se défend bec et ongles avec un sang froid extraordinaire.

    Elle affirme être la maîtresse du docteur Barion et enceinte de ses œuvres. Le psychiatre chargé de l'examiner confirme sa demi-folie. Miss Wilfur ne saurait avoir eu des relations sexuelles avec Armand Barion car elle est encore vierge ; en revanche, c'est bien elle qui mettait des barbes de seigle (la police en trouve une grande quantité au fond du tiroir d'un secrétaire) dans des gâteaux commandés à la pâtisserie Bigorneau. Elle en renvoyait ensuite une partie, arguant que ce n'était pas ce qu'elle voulait.

    Pour punir Armand Barion de se refuser à elle, Laurence Wilfur tente d'empoisonner les enfants de celui qu'elle aime, imaginant pour cela un stratagème savamment monté et se servant, à son insu, de l'innocent M. Lundi. Enfermée à vie dans un asile, elle annonce à ses compagnes qu'elle va mettre un fils au monde.

    Le hasard a protégé les enfants du docteur Barion, mais tué Olga et deux autres personnes au moins qui, dans les semaines ayant précédé la mort de la jeune Bretonne, ont succombé dans des conditions similaires.

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