Les « Flamands »
Nouvelle

Les enquêtes du juge Froget ; [04]

  • Rédaction
    A bord de l'Ostrogoth, Stavoren (Pays-Bas), durant l'hiver 1929-1930.
    Selon les archives secrétariales et le livre de comptes de Simenon : durant hiver 1930-1931.


  • Manuscrit
    [ ? ].


  • Publication d'une préoriginale
    Dans l'hebdomadaire « Détective », n° 75 (énigme) et 77 (dénouement) des 3 et 17 avril 1930 (soit 2 livraisons), sous le pseudonyme de Georges Sim.


     



    Les « Flamands », 1930.
    Publication en préoriginale.



  • Edition originale
    In Les 13 coupables (Paris, A. Fayard, 1932).
    L'ouvrage est publié sous le patronyme de l'auteur.


  • Réédition(s) en français

    [En préparation].


  • Edition(s) collective(s) en français
    Liste non exhaustive

    In Œuvres complètes (Lausanne, Editions Rencontre, 1967-1973) - tome VI.
    In Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1988-1993) - tome 17.
    In Tout Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome 17.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : [ ? ].

    En anglais :
    [ ? ] : [ ? ] (première édition américaine).
    [ ? ] : [ ? ] (première édition anglaise).

    En italien :
    [ ? ] : [ ? ].


  • Remarque(s)
    « Les Flamands » est le quatrième volet d'une série de treize nouvelles qui font l'objet d'un concours hebdomadaire, primé en espèces. Chaque nouvelle s'étend sur deux numéros : dans le premier sont posés tous les éléments de l'énigme ; dans le second, en quelques lignes, est donné son dénouement.


  • Intrigue
    Un crime a été commis au petit matin, entre six et sept heures selon l'estimation du médecin légiste. Le juge Froget s'est rendu personnellement sur place, traversant Paris et sa banlieue, pour atteindre les cultures et les usines d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis, France).

    La maison des Flamands est une bicoque isolée au milieu des champs. Quatre pièces, une écurie, des coins et des recoins pleins de fumier et d'instruments agricoles. Trois femmes (cinquante ans, vingt-deux et seize), des poules, des chiens, des chats et des enfants, pêle-mêle, dans la crasse. Et dans un réduit, un mort, Van Straelen. Un septuagénaire ; l'un des deux hommes de la maison. La tête en bouillie… trente-trois coups de marteau…

    Personne ne pleure, personne ne dit rien. Que des yeux secs, des visages hargneux, des mots chuchotés en flamand. Etablir l'identité des occupants est un travail compliqué. Hormis un livret militaire belge et un acte de naissance, ils n'ont pas de papiers. Quant à savoir à qui sont les gosses… La mère du dernier est la jeune fille de seize ans. Et il n'est pas question de père !

    Sentant que l'affaire s'embrouille au fil des heures, le juge Froget préfère regagner son bureau et s'y fait amener Baas aussitôt. Le prévenu est le second homme de la maison. Septuagénaire lui aussi. La moitié de son visage est couverte par des poils grisâtres de trois ou quatre centimètres. C'est un spécimen humain comme les gens des villes n'ont même plus le souvenir : une charpente formidable, une poitrine comme un coffre, presque aussi épaisse que large, le tout taillé dans une matière dure et terne. Un ours !

    Baas et Van Straelen ont fait leur service militaire ensemble, se sont perdus de vue, puis retrouvés, à Paris. Le premier nommé est propriétaire de la bicoque d'Auberviliers ; le second n'en est que le fermier. Des trois femmes, la plus âgée, Emma, est son épouse ; les deux autres sont ses filles, Céline et Louise. Leurs enfants — trois pour Céline et un pour Louise, la cadette — seraient de Baas.

    Emma Van Straelen se lève à trois heures du matin pour se rendre aux Halles vendre les légumes cultivés par son mari. Elle ne rentre qu'à dix heures et est donc la seule à avoir un alibi.

    Froget interroge Baas sur son emploi du temps, sur ses habitudes et ses relations avec Van Straelen. Les réponses de celui-ci sont souvent contradictoires, mais rien ne l'ébranle. Au bout d'un moment, il demande au greffier le procès-verbal qu'il est en train de dactylographier et le tend à Baas pour qu'il le signe. Le Flamand écrase une croix au bas du document.

    Le magistrat saisit un formulaire sur lequel il inscrit quelques mots et pousse la feuille vers son interlocuteur :

    — Voici votre mandat d'arrêt, Van Straelen…

    Le vieillard prend le papier. Ses grosses mains aux veines gonflées tremblent tandis qu'il lit. Sur une page de son calepin noir, Frojet note les preuves de son accusation.

    Baas, à qui tout appartenait et dont l'argent faisait vivre la famille depuis trente ans, était malade. Le médecin légiste confirme qu'il ne lui restait guère plus de deux ou trois jours à vivre. Dans l'intérêt commun, Van Straelen a décidé de mettre fin à ses souffrances et de prendre sa place. C'est-à-dire de devenir propriétaire de la bicoque, des champs et de l'argent déposé en banque.

    Les deux hommes étaient de la même taille et du même âge. Les gens du pays les distinguaient à peine l'un de l'autre. Il suffisait de raser Baas et de le défigurer à coups de marteau.

    Malheureusement pour lui, en voulant se faire passer pour Baas, Van Straelen a commis des erreurs qui n'ont pas échappé à Froget. Notamment, au moment de signer le procès-verbal de l'interrogatoire Van Straelen a oublié que Baas ne savait pas lire…



• Apporter une information complémentaire
ou une correction : cliquer ici