Mme Smitt
Nouvelle

Les enquêtes du juge Froget ; [03]

  • Rédaction
    A bord de l'Ostrogoth, Stavoren (Pays-Bas), durant l'hiver 1929-1930.
    Selon les archives secrétariales et le livre de comptes de Simenon : durant hiver 1930-1931.


  • Manuscrit
    [ ? ].


  • Publication d'une préoriginale
    Dans l'hebdomadaire « Détective », n° 74 (énigme) et 76 (dénouement) des 27 mars et 10 avril 1930 (soit 2 livraisons), sous le pseudonyme de Georges Sim.


     



    Mme Smitt, 1930.
    Publication en préoriginale.



  • Edition originale
    In Les 13 coupables (Paris, A. Fayard, 1932).
    L'ouvrage est publié sous le patronyme de l'auteur.


  • Réédition(s) en français

    [En préparation].


  • Edition(s) collective(s) en français
    Liste non exhaustive

    In Œuvres complètes (Lausanne, Editions Rencontre, 1967-1973) - tome VI.
    In Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1988-1993) - tome 17.
    In Tout Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome 17.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : [ ? ].

    En anglais :
    [ ? ] : [ ? ] (première édition américaine).
    [ ? ] : [ ? ] (première édition anglaise).

    En italien :
    [ ? ] : [ ? ].


  • Remarque(s)
    Mme Smitt est le troisième volet d'une série de treize nouvelles qui font l'objet d'un concours hebdomadaire, primé en espèces. Chaque nouvelle s'étend sur deux numéros : dans le premier sont posés tous les éléments de l'énigme ; dans le second, en quelques lignes, est donné son dénouement.


  • Intrigue
    A trois cents mètres de la Porte d'Orléans (Paris; France), Mme Smitt tient une pension de famille. Le juge Froget a pénétré dans la maison de briques sales pour la première fois le 11 décembre 1929. A l'intérieur règne le désordre et les dalles du couloir sont maculées de boue.

    Mme Smitt est clouée au lit. Elle occupe une alcôve sombre afin de pouvoir louer un maximum de chambres. Le médecin a jugé son cas grave, mais pas désespéré. Comme elle est phtisique, un simple refroidissement l'a contrainte, du jour au lendemain, à rester couchée. C'était arrivé le 6 décembre.

    Deux jours plus tard, un locataire trouve un chien crevé dans le jardin. Ce sont des gamins qui l'ont balancé par-dessus la haie. En creusant pour enterrer la charogne, il met à jour des restes humains et prévient la police. L'Identité judiciaire examine le cadavre et détermine qu'il s'agit d'un homme âgé de trente-cinq à quarante ans, qui est mort d'une fracture du crâne.

    S'intéressant aux origines de Mme Smitt, Froget questionne Scotland Yard. Il apprend qu'elle s'appelle en réalité Nathalie Esther Grant. Fille d'un pasteur du comté de Kent, elle a fui le domicile familial à seize ans en compagnie d'un saltimbanque, qui l'abandonne à Londres. Elle entre dans une maison de commerce, dont elle épouse le sous-directeur, Richard Halloway, cinq ans plus tard.

    Halloway décide alors de se mettre à son compte avec deux amis, Grimborn et Mower, avec lesquels il s'associe. Ils montent une affaire de confections ouvrières qui périclite rapidement. Au moment où la faillite semble certaine, un encaisseur est trouvé mort dans la Tamise. Le crime a eu lieu le 25 janvier 1914. L'homme portait sur lui 30'000 francs qui n'ont jamais été retrouvés.

    Halloway avoue et est condamné, avec Grimborn, à vingt ans de travaux forcés. Mower, lui, s'en tire avec dix ans. Halloway meurt en 1919 et Mower est relâché en 1923, à la suite d'un accident qui lui a coûté l'œil droit. Sur Mme Halloway, la police anglaise ne sait rien, sinon qu'elle a quitté Londres aussitôt après le procès.

    Le juge Froget retrouve sa trace à la mairie du 14e arrondissement de Paris où, en 1921, elle épouse un nommé John Smitt, sujet britannique et représentant de commerce. L'année suivante, Mme Smitt s'installe à la Porte d'Orléans et, pour l'acquisition de sa maison, paie comptant la moitié, soit 35'000 francs. Le solde sera réglable par annuités. Quant à son mari, il a disparu sitôt après le mariage. Aux questions que lui pose le magistrat à ce sujet, Mme Smitt répond de manière évasive ou se tait.

    Le 9 janvier, Froget réussit à retrouver John Smitt. C'est une épave. Il se dit docker, mais il ne l'est pas plus qu'il n'a été représentant de commerce. Lorsqu'il a rencontré Mme Halloway, il était homme-sandwich. Elle lui a offert mille francs pour l'épouser et s'en aller ensuite. Elle avait besoin de mon nom ! dit il d'un air malin, mais sans rien comprendre à une aventure dont il a essayé de tirer profit.

    Dans son lit, Mme Smitt est au plus mal. La fièvre monte. Elle a soif et réclame souvent son verre à Froget, qui l'interroge au sujet de Mower. Elle sait qu'il est borgne de l'œil droit et dit l'avoir rencontré pour la dernière fois en 1914, deux jours avant le meurtre de l'encaisseur. Après, elle ne l'a pas revu. Il lui a écrit une fois, en 1926 ou 1927, du Canada.

    Le 10 janvier, Mme Smitt est transférée à l'infirmerie de Saint-Lazarre. Le lendemain de son transfert, elle s'empoisonne dans des circonstances qui n'ont jamais été éclaircies.

    Pour le juge Froget, il ne fait aucun doute que Mme Smitt est coupable d'avoir assassiné Mower. Elle nie l'avoir vu après sa sortie de prison. Or elle sait qu'il est borgne de l'œil droit. Elle a donc menti, l'accident de Mower ayant justement eu lieu alors qu'il était sous les barreaux.

    Elle a épousé John Smitt pour changer de nom, afin qu'on ne retrouve pas sa trace. Car c'est elle qui a empoché les 30'000 francs de l'encaisseur et elle veut éviter que Mower vienne lui réclamer sa part. Malgré sa nouvelle identité, Mower la retrouve. Elle feint la docilité et lui offre l'hospitalité. Elle le fait boire ou l'engourdit avec un somnifère, puis le tue dans son sommeil.

    Dans ses notes, Froget a inscrit : Cas typique de défense désespérée du bien acquis.



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