Destinées
Récit à caractère autobiographique

[Dictées ; 21]

  • Enregistrement
    Lausanne (Vaud, Suisse), du 19 août au 19 octobre 1979.


  • Supports originaux
    Enregistrement sur cassettes.
    Dactylographie : 2 volumes avec reliure noire (pp. 1-124, pp. 125-249 ; pas de corrections manuscrites de l'auteur ni de signature.
    Conservation : un exemplaire de la dactylographie avant correction par l'auteur au Fonds Simenon (Liège, Belgique).


  • Publication d'une préoriginale
    Aucune.


  • Edition originale
    Achevé d'imprimer : juillet 1981.
    Paris, Presses de la Cité ; 24 x 15,5 cm, 152 pages ; couverture en carton léger illustrée en couleurs.

    Le tirage de luxe (50 exemplaires, numérotés de 1 à 50), bien qu'annoncé dans la justification du tirage courant, n'a pas été réalisé.


      Destinées, 1981.
    Edition originale.


  • Réédition(s) en français
    Aucune.


  • Edition(s) collective(s) en français
    Liste non exhaustive

    In Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1988-1993) - tome 27.
    In Tout Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome 27.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : [ ? ].

    En anglais :
    [ ? ] : [ ? ] (première édition américaine).
    [ ? ] : [ ? ] (première édition anglaise).

    En italien :
    [ ? ] : [ ? ].


  • Remarque(s)
    Pour ce texte, Simenon a hésité entre plusieurs titres. La dactylographie du texte porte trois propositions de titres provisoires : Ce qu'ils se racontent…, Quand un vicomte… et Qu'est-ce que j'allais faire là ?

    Destinées
    est un titre que Simenon a utilisé deux fois, puisqu'il l'a déjà attribué à un roman publié sous le pseudonyme de Georges Sim (Paris, A. Fayard, 1929).


  • Sujet
    [Source : Jean Vigneaux in « La plus difficile enquête de Maigret » (« Pourquoi pas ? », n° 3'045 du 7 avril 1977).]

    [NDLR : Destinées est la vingt-et-unième et dernière dictée de Simenon. Il n'a toutefois pas tout dit ; il n'est pas encore allé au bout de lui-même. Cet ouvrage sera suivi d'une ultime mise au point (poing ?), Mémoires intimes.]

    Simenon est un cas. Il a été le plus fécond des romanciers modernes. Et puis un jour, fatigué sans doute d'assumer l'imaginaire, il s'est mis à se raconter, avec une prolixité qu'il s'était interdite jusque-là (même Pedigree, cette autobiographie romancée était infiniment plus secrète que [ses Dictées]).

    Je ne sais pas si Simenon, se dictant au magnétophone, mesure la portée de sa confession. Il y a là, en tout cas, un beau morceau d'anthologie psychanalytique. Rien ne manque de la panoplie freudienne : le rejet des géniteurs (et plus précisément de la mère), la culpabilité diffuse, le sentiment lancinant d'avoir été chassé de l'Eden (l'enfance), etc.

    Quelque part, Simenon révèle qu'il fut somnambule pendant soixante ans. Les dictionnaires et les traités, qui savent tout, se montrent fort discrets sur la nature du rêve en action. Au mieux, ils nous apprennent que l'on rattache le somnambulisme à l'hystérie monosymptomatique. Ce qui n'est jamais qu'une manière d'enfouir cette étrange manifestation du subconscient dans le fourre-tout des complexes œdipiens.

    Simenon, bien qu'il s'en défende, fut un refoulé. Qui ne l'est, d'ailleurs ? Et je crois que ses évasions nocturnes, comme sa boulimie romanesque (être les autres pour éviter d'être soi), comme l'attirance qu'exercèrent sur lui les clochards, comme la gêne qui lui inspirèrent les animaux, je crois que tout cela relevait de l'effroi chrétien devant le sexe. L'écrivain liégeois grandit dans le désir de se punir de ses penchants abjects (pourtant assez normaux si l'on en croit Jung) ; dès l'âge de treize ans, il tenta de se libérer de sa hantise en sautant une gamine pour laquelle il abandonna ses études gréco-latines et s'infligea une formation mathématique ; à seize ans, il crut s'émanciper par le journalisme ; à vingt ans, il s'imagina pouvoir dominer ses vieux démons en écrivant des récits galants.

    Simenon aimait citer cette phrase de Balzac : « Un personnage de roman, c'est n'importe qui, dans la rue, qui va jusqu'au bout de lui-même… ».

    Après avoir, plusieurs centaines de fois, montré des hommes qui allaient jusqu'au bout d'eux-mêmes, Maigret vieilli, replié sur son enfance, de plus en plus coupé d'un monde qu'il n'aime pas, a entrepris sa plus difficile enquête : se retrouver. Il y a quelque chose de pathétique, de désespéré dans cette ultime recherche.

    Une recherche que Gabrielle Rollin nomme : secret de l'énigme. Quelle énigme ? L'homme, bien sûr, que le père de Maigret s'acharne à comprendre, s'obstine à aimer, à tenir pour alter ego.

    [Gabrielle Rollin in « L'art de vieillir selon Simenon » (in « Le Monde », du 15 juillet 1977).]




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