Jean de La Fontaine n'a jamais
dit que ce qu'il pensait, et il n'a jamais fait
que ce qu'il a voulu faire. Dès le début
de sa carrière littéraire, il a
été affublé d'une image de
rêveur impénitent. Cette étiquette,
il l'a adoptée, reprise à son compte
et lui-même entretenue. C'est ainsi qu'elle
lui servait à justifier les libertés
d'allure, de pensée et d'écriture
par lesquelles il nourrissait sa création.
Et de fait, en un temps où les poètes
étaient légion, même si l'Histoire
en a oublié le plus grand nombre, La Fontaine
apparaît comme un des plus productifs
et, en termes formels, l'un de ceux qui ont exploré
le plus de voies diverses. Un des plus inventisf
aussi !
Issu d'une famille aisée, de bonne bourgeoisie
et de noblesse de robe, La Fontaine vit entre
province et Paris, c'est-à-dire entre responsabilités
administratives (il exerce la fonction de Maître
des Eaux et Forêts entre 1652 et 1672, année
au cours de laquelle il vend l'intégralité
de cette charge) d'un côté, mondanités
et littérature de l'autre.
Comme beaucoup d'autres écrivains de l'époque,
il est obligé d'avoir un emploi pour subsister
(les droits d'auteurs étant alors encore
plus incertains qu'aujourd'hui
). Ce qui
est notable dans le cas de La Fontaine, c'est
qu'il parviendra, en quelque vingt ans, à
s'assurer une situation financière saine
pour s'installer définitivement dans la
capitale et se consacrer entièrement à
sa carrière d'écrivain.
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