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  MAUPASSANT
TROIS NOUVELLES
ILLUSTRÉES PAR BRANCHE


MAUPASSANT
(1850-1893)
DE L'HORREUR DE LA
DÉPOSSESSION À L'ANGOISSE

F. Court-Pérez (in Dictionnaire des littératures - Paris, Bordas, 1994)
Louis Forestier (in Dictionnaire des auteurs - Paris, Laffont, 1994)




Guy de Maupassant par Nadar
(Bibliothèque de l'Opéra, Paris)
Plus que toute autre, la vie de Guy de Maupassant semble une peau de chagrin : en dix ans seulement s'édifie toute son oeuvre, abondante et variée : trois cents contes, cinq romans et plus de deux cent soixante nouvelles. Puis la folie et la mort l'ont emporté, le préservant de cette dégradation perfide évoquée avec angoisse dans nombre de ses écrits.

Une biographie comme écartelée oppose deux aspects antithétiques : Maupassant aurait été, d'une part, le « taureau normand » (l'image est de Paul Morand), l'homme fort, épris de canotage, l'écrivain à succès, l'homme à femmes, reçu dans le monde, et, d'autre part, le névrosé (avec un zeste de paranoïa), éthéromane, syphilitique, anxieux, fasciné par le morbide, condamné par son hérédité (une mère étrange, un frère dément), voué à un don juanisme pathologique et, de surcroît, suicidaire...

Faut-il voir deux périodes successives, ou bien deux veines simultanées, quoique divergentes, dans cette existence à la fois banale et maudite, partagée entre le succès et l'échec ? L'œuvre porte la marque de toutes ces tensions, de toutes ces aspirations aux paradis (naturels et artificiels) et de cette fascination des enfers. L'homme, lui, n'aura pu survivre à cette lutte pour laquelle il avait été bien peu préparé.


  « Je la sens qui me travaille, comme si je portais en moi une bête rongeuse. Je l'ai sentie peu à peu, mois par mois, heure par heure, me dégrader ainsi qu'une maison qui s'écroule. Elle a pris ma peau ferme, mes muscles, mes dents, tout mon corps de jadis, ne me laissant qu'une âme désespérée qu'elle m'enlèvera bientôt aussi. »

  Norbert de Varenne
Personnage de Bel-Ami, à propos de la mort


 
Un miroir paisible et perfide de l'existence

L'œuvre de Maupassant évoque la surface trompeuse des marais et des étangs qu'il affectionne. Son univers a la couleur du sang, car il est essentiellement tragique, et les personnages sont des condamnés à mort qui ressassent leur mal. Ce qui les détruit n'est pas tant la mort que l'obsession de la mort qui mine de l'intérieur. Les psychiatres y ont trouvé leur pâture : la description clinique de la maladie mentale, sous ses diverses modalités, est remarquable dans toute son œuvre. De la débilité à la démence, de l'hallucination à la perversion, presque tout y est, et bien décrit.

Disciple de Flaubert, il est exigeant sur son style qu'il veut d'une telle simplicité qu'on a pu la confondre avec de la platitude ou de la banalité. C'est que, par une rhétorique savante (toute d'illusion !) que Maupassant sait rendre la grisaille dont s'enveloppe souvent la vie humaine. Il sait en peindre les pulsions irraisonnées et inquiétantes, les déviations, les courts bonheurs comme les grandes misères ; il sait dire surtout qu'il n'existe pas, à ses yeux, d'espoir ni d'au-delà pour l'homme. Pessimisme foncier que tempère une grande pitié devant les misères de notre condition.

Sa lucidité, autant que son génie de styliste, expliquent son immense influence et font de Maupassant le représentant le plus accompli de l'école naturaliste, le plus durable aussi sans doute.


ŒUVRES
MARQUANTES
Boule-de-Suif (1880), La Maison Tellier (1881), Mademoiselle Fifi (1882), Contes de la bécasse (1883), Les sœurs Rondoli (1884), Bel-Ami (1885), Le Horla (1887), Mont-Oriol (1887), Pierre et Jean (1888), Fort comme la mort (1889), Notre cœur (1890)