Frédéric Dard, alias San-Antonio
Quelques repères biographiques



[Portrait : Caricature Zone.]

  • Frédéric Dard
    [Sources : François Rivière, La vie privée de San-Antonio, La biographie de Frédéric Dard et Frédéric Dard à Bonnefontaine.]

    Frédéric Dard naît le 29 juin 1921 à Bourgoin-Jallieu (Isère, France). Ses parents sont des gens modestes ; son père Francisque est marié à Joséphine-Anna Cadet, fille d'agriculteurs. Après avoir été longtemps ouvrier de la société de Dietrich, Francisque Dard crée sa propre entreprise de chauffage central. L'affaire tourne bien et occupe pleinement les parents, si bien que Frédéric est élevé par sa grand-mère qui, en seconde noces, a épousé un receveur des postes. C'est elle qui lui donne le goût de la lecture.

    La crise économique des années trente est sévère et l'entreprise familiale ne résiste pas à la dépression. Frédéric assiste à la saisie des biens familiaux et de son fauteuil d'enfant en osier… Les Dard s'installent alors à Lyon et Frédéric entre dans une école commerciale La Martinière où il n'apprend rien des choses comptables et commerciales, mais fait apprécier ses aptitudes pour la rédaction française.

    A dix-sept ans, il quitte l'école et entend devenir écrivain. Grâce à son oncle, il fait la connaissance de Marcel E. Grancher et entre au « Mois de Lyon », où il s'occupe de collecter les sommes en paiement des encarts publicitaires, puis commence à écrire quelques lignes. Il commet quelques romans et, petit à petit, s'oriente vers la fiction policière qui acquiert ses lettres de noblesse grâce à la série des « Maigret » créée par Georges Simenon. Ce dernier reconnaît le talent de Frédéric Dard et l'encourage.

    En novembre 1942, Frédéric Dard se marie avec Odette Damaisin, qui lui donnera deux enfants, Patrice et Elisabeth. Après un séjour en Belgique, il entreprend d'adapter pour le théâtre un roman de Simenon, La neige était sale. Cette collaboration va malheureusement provoquer une rupture totale entre les deux écrivains.

    Un verbe inventif qui se conjugue, souvent, à la gauloiserie la plus débridée

    Frédéric Dard s'installe ensuite avec sa famille, aux Mureaux en banlieue parisienne et lance, en 1949 (il a alors vingt-huit ans), un curieux commissaire, très anar sinon carrément nihiliste, San-Antonio, qui lui apportera fortune et gloire après deux premières années très difficiles. C'est aux éditions du Fleuve Noir (collection « Spécial-Police ») que toute l'œuvre - ou presque sera publiée. Le succès est venu à force de noircir du papier et d'inventer un style, sinon un genre. Frédéric Dard dit de son œuvre :

    — J'ai fait ma carrière avec un vocabulaire de 300 mots. Tous les autres, je les ai inventés.

    Dans les romans de Frédéric Dard - qui écrit désormais sous le pseudonyme de San-Antonio - la trame policière n'est qu'un prétexte à faire évoluer les personnages (le héros et narrateur San-Antonio, commissaire séducteur et futé ; son adjoint Bérurier, dit Béru, immonde et burlesque mais pas méchant ; le lamentable Pinaud), dans un univers où tout est tiré vers l'hénaurmité farcesque, sans souci de vraisemblance. La virtuosité du langage, le calembour permanent, la richesse argotique et les emprunts parodiques de tout poil règnent en maîtres dans ces récits truculents. D'une obscénité sans vergogne, tranquillement misogynes, ils expriment un conservatisme populaire et un pessimisme complaisant.

    Dans les années 1960, Frédéric Dard a une activité intense ; il écrit à un rythme toujours plus élevé. Son couple se défait et, un soir d'octobre 1965, il tente de se suicider par pendaison. Peu de temps après, il divorce de sa femme Elisabeth et s'établit en Suisse, dans le village de Bonnefontaine (Fribourg), avec Françoise de Caro, la fille de son éditeur. Ils se marieront le 14 juin 1969 et, de cette seconde union, naîtra Joséphine en 1970.

    La décennie 1980 consacre le très grand succès de San-Antonio et de Frédéric Dard : il est alors considéré comme l'un des écrivains français les plus lus (plus de 270 livres à son actif - dont 190 San-Antonio - vendus à quelque 300 millions d'exemplaires), aux côtés d'Albert Camus, de Marcel Pagnol et de… Georges Simenon. Il est aussi considéré comme l'héritier génial d'une lignée littéraire de haute volée stylistique allant de Rabelais à Céline, via Queneau.

    Frédéric Dard est mort le 6 juin 2000, à l'âge de 79 ans.

• Apporter une information complémentaire
ou une correction : cliquer ici